Échanges commerciaux franco-algériens : 2,7 milliards d’euros au 1er trimestre 2023

Aïmene Benabderrahmane, le Premier ministre algérien, avec Élisabeth Borne, la Première ministre française.
Les échanges commerciaux entre la France et l’Algérie ont atteint 2,7 milliards d’euros au premier trimestre 2023, selon les données des Douanes françaises citées par la publication bimestrielle Lettre économique d’Algérie, éditée par la Direction générale du Trésor français. Ce qui représente une augmentation de 24,7% par rapport au premier trimestre 2022.

D’une part, cette hausse est liée essentiellement à l’augmentation des importations françaises en gaz et pétrole algériens (respectivement +52,7% et 25,9%), ainsi que des produits provenant du raffinage du pétrole (+25%). D’autre part, les exportations françaises vers l’Algérie ont enregistré une croissance de 23%. Il s’agit surtout de la vente de : produits industriels (+37%), équipements mécaniques (+9,7%), matériels de transports (+9,9%).

Or, cette forte progression des importations française depuis l’Algérie, largement supérieures aux exportations, a dégradé davantage le solde commercial de la France avec ce pays. Le déficit se creuse, passant de -556 millions d’euros au premier trimestre 2022 à -718 millions au premier trimestre 2023.

Perte continue de parts du marché algérien

Et pour cause, la France perd de plus en plus de parts du marché algérien, conquises par d’autres pays dont les relations bilatérales sont nettement meilleures avec Alger. Cela va de soi, il est primordial pour son économie que la France tente de séduire, à nouveau, l’Algérie en matière de renforcement de la coopération économique afin de tirer parti des opportunités économiques offertes par le plus grand pays africain, à commencer par l’amélioration de sa santé économique durant les quelques derniers mois.

Dans ce sens, les exportations algériennes, durant l’année 2022, sont estimées à 61,9 milliards d’euros, contre 38,6 milliards d’euros d’importations, selon les estimations de l’Office national algérien des statistiques (ONS). Ce qui permet au solde commercial d’afficher un excédent pour la deuxième année consécutive, après sept ans de soldes déficitaires. Il est estimé à 23,3 milliards d’euros. Cela s’explique notamment par la hausse des prix des hydrocarbures, suite à la guerre en Ukraine, et la politique de réduction des importations au profit de produits issus de l’industrie locale, dont une bonne partie est soutenue et boostée par des investissements étrangers. La Banque mondiale, dans son rapport de suivi du printemps 2023, estime la croissance du PIB algérien à 3,2% pour l’année 2022. Pour 2023, l’institution monétaire internationale prévoit une poursuite de la croissance, à hauteur de 1,8%. Il semble, enfin, que ça ira un peu mieux sur le plan de l’inflation puisqu’une légère baisse est prévue. Elle devrait passer en moyenne de 9,3%, en 2022, à 8,6%, en 2023.

Renforcer la coopération économique avec l’Algérie

La France doit prendre la mesure de l’importance stratégique de l’Algérie en tant que partenaire commercial. Certes, les échanges commerciaux entre les deux pays sont déjà significatifs, mais il est crucial d’aller plus loin pour ne pas se laisser distancé par les autres pays, en développant des partenariats économiques plus étroits. L’Algérie offre d’énormes possibilités dans divers secteurs : énergie, transports, infrastructures, agriculture, industrie, etc. Il s’agirait de capitaliser sur un savoir-faire reconnu mondialement dans ces domaines, en proposant entre autres des solutions innovantes et des technologies de pointe. Ainsi, la France peut non seulement accroître ses exportations vers l’Algérie, mais également favoriser la création d’emplois dans les deux pays. Ce qui intéresserait davantage les autorités algériennes, qui veulent accélérer la lutte contre le chômage.

À l’ère du retraçage et de la redistribution des zones d’influence des puissances mondiales, particulièrement en Afrique, la France, pourvu qu’elle le veuille, peut tirer parti de ses relations historiques avec l’Algérie pour renforcer sa présence économique dans ce pays. Les liens culturels et linguistiques entre les deux pays offrent un avantage concurrentiel précieux. En réglant les différends politico-diplomatiques, en renforçant les échanges culturels, en favorisant les partenariats éducatifs et en facilitant les échanges d’étudiants et de professionnels, la France peut élever au rang d’excellence les liens bilatéraux sur le plan économique. C’est ainsi que des pays comme la Chine, l’Italie, la Turquie, ou encore l’Espagne avant la brouille diplomatique actuelle entre Madrid et Alger, ont réussi à gagner des parts importantes du très prometteur marché algérien.

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