La France s’apprête à restituer les biens de l’émir Abdelkader à l’Algérie

Coordinateurs de la commission mixte algéro-française des historiens, du côté algérien Mohamed Lahcen Zeghidi et du côté français Benjamin Stora

La France devrait prochainement restituer à l’Algérie de nombreux biens culturels spoliés durant la période coloniale, parmi lesquels des affaires personnelles de l’émir Abdelkader. C’est l’une des principales conclusions de la cinquième rencontre de la Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire, tenue ces 22 et 23 mai, à Alger. Ladite restitution, un évènement historique avec une lourde portée symbolique, pourrait intervenir lors de la visite d’Etat du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, à Paris, annoncée pour l’automne prochain.

Le communiqué concluant les travaux de la commission d’historiens algéro-française, qui ont eu lieu au siège des Archives nationales d’Algérie à Birkhadem (banlieue sud d’Alger), indique que la partie algérienne – soutenue par son homologue française – a présenté une première liste non exhaustive de « biens historiques et symboliques de l’Algérie du XIXe siècle, conservés dans différentes institutions françaises », que le président français, Emmanuel Macron, pourrait remettre au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, lors de sa visite d’Etat en France, sous forme de « gestes symboliques forts ».

L’inventaire des objets que les Algériens veulent récupérer comporte notamment des « biens culturels, archivistiques et autres ». Selon nos informations, les affaires personnelles de l’émir Abdelkader, chef de la résistance algérienne à la conquête coloniale et fondateur de l’Etat algérien moderne, sont en tête de liste. La partie française s’est engagée à transmettre ces préoccupations en matière de restitution au président Macron « afin que les biens qui peuvent retrouver leur terre d’origine puissent l’être le plus rapidement possible ».

Poursuivre le dialogue sur le dossier mémoriel

Les historiens mandatés pour régler le conflit entre les deux pays lié à la mémoire coloniale formulent « le vœu que le traitement du dossier mémoriel réponde aux aspirations des peuples algérien et français ». La commission mixte, dont la prochaine rencontre se tiendra en France au début du mois de juillet, émet le vœu que « corps soit donné à la Déclaration d’Alger d’août 2022 et concrétiser les missions imparties à la Commission mixte. La mise en œuvre d’actions tangibles concrétisera la volonté active et forte de prendre en compte toutes les dimensions de l’histoire de la période coloniale pour mieux aller de l’avant ».                 

La réunion s’est achevée avec l’entente des deux parties de la commission sur la poursuite des « négociations autour de la question des archives » et le parachèvement de la « chronologie relative aux domaines militaire, politique, économique, social, culturel et humain au cours du XIXe siècle ». Ses deux coordinateurs, du côté algérien Mohamed Lahcen Zeghidi et du côté français Benjamin Stora, ont par ailleurs salué les avancées réalisées en matière de coopération grâce aux cadres d’échanges mis en place ou suggérés par leurs équipes : organisation de rencontres scientifiques, restauration et numérisation des archives, valorisation des lieux de mémoire dans les deux pays, numérisation des registres d’état-civil et des registres des cimetières français en Algérie, etc.   

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