Algérie : Tamanrasset au cœur de la dynamique du tourisme saharien

Tamanrasset tourisme
La vente d'un produit touristique ne se limite pas seulement à offrir une destination, mais elle implique également la création d'un moment de bonheur inoubliable dans un véritable paradis sur terre. Cette expérience peut être vécue, en ce moment, à travers la visite de nombreux sites qui se trouvent dans le magnifique Grand Sud en Algérie, où l'on peut découvrir des endroits d'une beauté époustouflante. Le tourisme réceptif est de retour cette année dans cette vaste région algérienne, attirant de plus en plus l’intérêt et l’afflux de touristes, nationaux et, surtout, internationaux.

Tamanrasset, la capitale de l’Ahaggar, est étroitement associée au tourisme saharien et demeure l’une des destinations de villégiature prisées par les adeptes du désert algérien. Cette région est renommée pour être une destination touristique par excellence, séduisant des voyageurs en quête de dépaysement et d’aventure. Les produits touristiques proposés par les tour-opérateurs laissent libre cours à l’imagination des visiteurs, créant une multitude d’images fantasmagoriques. Mohammed, responsable d’une agence de voyages et de tourisme, confirme cet attrait en déclarant : « La région regorge de sites touristiques qui laissent les visiteurs émerveillés. C’est comme une sculpture divine qui se déroule en une série de tableaux panoramiques, offrant aux chanceux visiteurs et touristes des moments oniriques ».

Il se dit également satisfait des nouvelles initiatives gouvernementales visant à relancer le tourisme saharien après plus d’une décennie de stagnation. « Cette année, nous avons réussi à renouer avec le tourisme réceptif. De nombreux touristes étrangers, venus des quatre coins de la planète, ont choisi Tamanrasset pour vivre un voyage de rêve sous les magnifiques étoiles du majestueux mont de l’Assekrem », se réjouit notre interlocuteur.

Développer le tourisme saharien mais pas à tout prix !

Cependant, il exprime des inquiétudes concernant l’amateurisme de certaines nouvelles agences qui mettent en péril les efforts de promotion touristique entrepris depuis plusieurs années par les agences locales expérimentées. Plus précisément, il soulève la problématique de quelques agences du nord du pays qui engagent des guides inexpérimentés et semblent peu soucieuses de la préservation des sites touristiques. Malheureusement, des biens du patrimoine historique et culturel sont victimes de vandalisme. Il déplore que « ces endroits sont défigurés en raison de l’insouciance des touristes qui se livrent à des actes répréhensibles en gravant des inscriptions ou en détériorant certaines peintures rupestres, sous l’œil complice de leurs guides ». Il mentionne même plusieurs endroits qui ont été saccagés et, dans certains cas, transformés en décharges à ciel ouvert, à l’instar du vieux Ksar de l’Amenokal Moussa Ag Amastan.

De son côté, Faouzi, guide et expert en tourisme saharien, a soulevé le problème des « faux guides » et des chauffeurs embauchés par des agences motivées par le profit rapide. Il affirme : « Ces agences collaborent avec des chauffeurs de 4×4 qui n’ont aucune compétence en matière de tourisme. On leur fournit un ordre de mission pour qu’ils puissent échapper aux contrôles des autorités, puis on les laisse organiser des expéditions et des aventures qui finissent souvent par décourager les touristes de revenir à Tamanrasset ». Il ne veut pas nommer les agences impliquées dans ces pratiques nuisibles, qui sapent sérieusement les efforts déployés par les professionnels de ce secteur essentiel, pour ne pas s’attirer des problèmes. Il indique toutefois que, par rapport aux saisons touristiques précédentes, le problème des graffitis et des décharges a connu une certaine diminution grâce à une sensibilisation menée par les agences locales et à l’engagement des autorités en faveur du développement de ce secteur prometteur.

Une véritable traque des opportunistes a été initiée par les autorités en recensant les agences ayant une mauvaise réputation. Ces agences ont été réprimandées à plusieurs reprises en raison de leur négligence et de leur manque de professionnalisme. Elles ne respectent même pas les droits d’entrée pour les sites touristiques ni les tarifs pour les zones classées et protégées par l’Office national du parc culturel de l’Ahaggar (ONPCA). « Nous luttons contre ces incompétents qui représentent une véritable menace pour le développement du secteur touristique dans la wilaya », conclut notre témoin.

Montagnes du Hoggar
Montagnes du Hoggar (crédit photo : DR)

Le Hoggar comme région pilote du tourisme écoculturel

Afin de mettre en avant les atouts qui justifient le choix de Tamanrasset comme ville pilote du tourisme écoculturel, le ministère compétent a pris toute une série de mesures visant à développer les outils de planification. Ces mesures ont pour objectif direct d’impliquer la population locale dans les initiatives visant à valoriser et à préserver leur patrimoine culturel, en particulier dans les régions enclavées. C’est ce qu’a déclaré Mouloud, un cadre de la direction de la culture de la wilaya de Tamanrasset. Il souligne que l’objectif principal de cette démarche, qui revêt une grande importance à de nombreux égards, est d’établir une vision partagée et commune pour la gestion du patrimoine écoculturel du Hoggar.

Cette stratégie a le but de mettre en place des mécanismes en lien avec le développement durable des parcs culturels et de répondre aux besoins de conservation de la biodiversité, de préservation du patrimoine culturel et de développement socioéconomique des populations vivant dans cette région. Notre source a également mentionné la création d’un comité chargé de superviser et de coordonner la mise en œuvre des programmes d’écodéveloppement et de promotion de l’écotourisme au sein de l’ONPCA. Ces mécanismes visent à contribuer à la mise en valeur du patrimoine culturel de la région, renforçant ainsi son attrait touristique.

Selon les données fournies par la direction du Tourisme et de l’Artisanat (DTA) de Tamanrasset, plus de 639 touristes de différentes nationalités ont visité la région de l’Ahaggar durant la saison touristique saharienne 2022-2023. Une nette amélioration a été constatée en comparaison aux statistiques de la saison 2021-2022, avec seulement 238 visites de touristes étrangers enregistrées. Il est important de noter que ces chiffres ne reflètent pas nécessairement la réalité de tous les flux touristiques dans la région car beaucoup d’entre eux ne sont pas notifiés à la DTA et donc pas comptabilisés. Selon un responsable d’une agence de voyages, le retour massif des touristes étrangers est constaté cette année, d’une semaine à l’autre, avec une augmentation significative en continu depuis le début de la saison en ce mois d’octobre 2023, qui va se poursuivre jusqu’à avril 2024.

Relance du tourisme réceptif en Algérie

Le secteur du tourisme algérien, qui a séduit durant l’été 2023 plus de 1,6 million de touristes internationaux venus découvrir la diversité des paysages du nord de l’Algérie, a désormais mis le cap sur la saison touristique saharienne. Dans cette optique, de nouvelles mesures ont été mises en place concernant l’octroi de visas à l’arrivée pour les touristes étrangers qui ont l’intention de visiter le sud, procédure testée depuis 2021 qui semble avoir été concluante.

Parallèlement, Air Algérie a déployé de nouveaux moyens pour assurer la desserte du Sahara, particulièrement au départ de la France. Ces mesures visent à faciliter l’accès des touristes à la région saharienne et à encourager le tourisme dans cette partie du pays, qui regorge de paysages spectaculaires et de richesses culturelles. L’année dernière, la compagnie aérienne nationale a inauguré sa première ligne aérienne directe reliant l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle à celui de Djanet, dont les vols ont repris ce 22 octobre. Pour cette année, elle a lancé deux nouvelles lignes, offrant aux touristes français et franco-algériens, ainsi qu’aux citoyens d’autres nationalités résidents en France, l’opportunité d’« explorer l’âme mystique du désert algérien », pour reprendre la même expression mise en avant dans sa campagne promotionnelle. La première ligne relie directement l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et l’aéroport de Tamanrasset. La seconde ligne est en partance de Marseille vers Tamanrasset, avec une escale à Djanet.

Une autre excellente nouvelle pour les tour-opérateurs, l’escorte sécuritaire, longtemps considérée comme contraignante pour les touristes étrangers, sera officiellement supprimée à partir de cette nouvelle saison touristique saharienne. Selon un cadre de l’ONPCA, qui a souhaité rester anonyme, cette décision a été prise notamment après une recommandation des tour-opérateurs étrangers qui auraient rédigé des rapports positifs sur la situation sécuritaire après leur passage dans la région. D’après notre source, la sécurité des touristes sera désormais assurée par des patrouilles, plutôt que par des escortes visibles par les touristes. Cela permettra aux visiteurs étrangers de profiter pleinement de leurs séjours sahariens, détendus et sans la pression de la surveillance permanente de la police et de la gendarmerie. Néanmoins, les responsables des agences de voyage concernées seront soumis à des contrôles permanents pour s’assurer qu’ils font respecter des règles de sécurité strictes afin d’éviter tout incident.

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