Ainsi, pour la première fois depuis une vingtaine d’années, des enfants algériens seront définitivement interdits du « double programme » scolaire. Les écoles privées qui dispensaient jusqu’à l’an dernier le programme français, parallèlement à celui du ministère algérien de l’Education nationale, sont désormais contraintes de se contenter des méthodologies et manuels algériens.
Jusqu’à la rentrée de cette année, de nombreuses écoles privées algériennes offraient encore aux élèves le fameux « double programme », comme à l’époque de la période post-indépendance. En plus des matières essentielles incluses dans le planning scolaire ministériel en Algérie, elles dispensaient des contenus importés du système français. C’est une sorte d’« exception algérienne » dont profitaient de nombreuses familles qui voulaient permettre à leurs enfants de recevoir un enseignement de meilleure qualité et, surtout, de pouvoir aller plus facilement poursuivre un cursus universitaire en France.
L’enseignement du français se poursuit selon le programme algérien
La majorité des écoles recourait à cette pratique de manière complètement illégale, sans aucune autorisation. Toutefois, certaines structures avaient obtenu un certificat d’habilitation des services culturels de l’ambassade de France en Algérie. Cette « labélisation » leur permettait jusqu’ici de travailler normalement. Or, selon un pédagogue que nous avons interrogé, « dans les deux cas, l’activité est contraire à la loi ». Ces écoles, « profitaient, dit-il, d’une certaine ambiguïté de la réglementation ». Il affirme par exemple qu’elles étaient autorisées à « enseigner certaines matières suivant la méthode française ». C’est le cas des mathématiques et de la physique.
C’est pourquoi, en septembre dernier, le ministère de l’Education a envoyé une note explicite à l’ensemble des établissements de l’Enseignement privé où il met fin à ladite « exception ». Elle exige, ni plus ni moins, l’utilisation stricte des programmes algériens. Les écoles concernées, y compris celles qui disposent de contrats avec l’ambassade de France, seront passibles de poursuites pénales, voire de fermeture, si elles ne renoncent pas à l’usage des programmes français. Bien qu’il s’agisse d’une application de la loi, cette décision a évidemment déçu beaucoup de parents « francophiles », qui ont misé sur ces écoles privées pour offrir à leurs enfants un enseignement français parallèlement à l’enseignement national.
En revanche, l’enseignement de la langue française se poursuit normalement, selon le programme algérien, dans les écoles privées et publiques, dès la troisième année primaire. À noter, néanmoins, que son volume horaire est partagé avec l’anglais depuis 2022.