Leur nomination intervient au moment où des cercles français clairement hostiles à l’Algérie tentent de saborder les relations « amicales » et de « confiance » que tentent de construire le président Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. L’arrivée de ces deux femmes politiques franco-algériennes au plus haut sommet de l’Etat français, prouve si besoin est, que l’Élysée ne veut pas laisser lesdits groupes malveillants agir comme ils l’entendent et polluer davantage les relations entre Alger et Paris.
Sabrina Agresti-Roubache
Proche du couple présidentiel, Sabrina Agresti-Roubache a été élue députée Renaissance, en juin 2022. Sa relation avec Brigitte Macron remonte à 2016 lors d’un dîner organisé à la chambre de commerce de la cité phocéenne à l’occasion de la campagne électorale de son mari. Depuis, les deux femmes sont devenues amies et se parlent souvent au téléphone, « au moins une fois par semaine ». Très active durant la période de la Covid-19, Agresti-Roubache a profité de cette pandémie pour inviter Emmanuel Macron à rencontrer le professeur Didier Raoult. Depuis, elle n’a cessé de le soutenir et d’être un relais fiable dans cette ville du sud. C’est ainsi que lors de sa dernière visite, elle a confectionné avec l’aide des supporters de l’Olympique de Marseille une gigantesque banderole sur laquelle était écrit : « Bienvenue à Marseille monsieur le Président ». Elle a également organisé une rencontre entre une trentaine de femmes ayant perdu leurs enfants morts par balles et le président français. « Ce que je voulais montrer au président, ce sont ces mamans courageuses de Marseille. Lui montrer que ce sont elles qui portent leurs enfants et qui portent des idées », a-t-elle déclaré à la presse.
Née à Marseille, dans une famille pauvre d’origine algérienne, elle occupe désormais un poste gouvernemental important, en remplaçant Olivier Klein, désormais ex-ministre délégué à la Ville, dans le contexte post-émeutes des banlieues qui ont suivi la mort de Nahel. Mère d’une jeune adolescente, qu’elle a eue de son mariage avec le recteur de l’académie de Corse Jean-Philippe Agresti, la toute nouvelle secrétaire d’Etat a grandi dans l’un des plus pauvres quartiers de France, celui de Felix-Pyat dans le 3e arrondissement de Marseille. Cependant, elle a toujours refusé les étiquettes qu’on a voulu lui coller, affirmant même qu’elle a grandi dans une famille qui l’a toujours épaulée et qu’elle n’avait manqué de rien. « Je ne suis pas partie de rien, ce n’est pas vrai. J’avais des parents formidables, qui travaillaient. On n’a manqué de rien », répétait-elle à chaque fois.
Fille d’un maçon algérien, elle a suivi des études réussies avant de se spécialiser dans la production audiovisuelle. C’est elle d’ailleurs qui a pris en charge la régie locale de la série Marseille, diffusée sur Netflix. Cette œuvre lui a permis de connaître encore mieux sa ville natale et celle des vrais gens. Cette jeune femme à la chevelure longue souvent portée par le vent marseillais a grandi, comme le dit elle-même dans un milieu « multiculturel ». Elle est dorénavant chargée de redonner espoir aux habitants des banlieues et de réduire les différences qui existent entre ces ensembles et les grands centres-villes riches. Trouvera-t-elle les mots juste pour apaiser les quartiers populaires et leur redonner vie ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Fadila Khattabi
Quant à Fadila Khattabi, elle est née à Montbéliard (est de la France), une ville à moins d’une vingtaine de kilomètres de la Suisse. Après avoir été longtemps membre du Parti socialiste (PS), elle a rejoint l’ancien parti présidentiel La République en marche lors des élections législatives de 2017. Élue députée, elle prendra la présidence de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale française à partir de 2020, poste qu’elle occupait toujours, après sa réélection en 2022, jusqu’à sa nomination au gouvernement Borne III comme ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, en remplacement de Geneviève Darrieussecq.
Fille d’immigrés algériens, Fadila Khattabi a été enseignante d’anglais après avoir obtenu son diplôme de l’université de Bourgogne. Mère de deux enfants, elle a commencé sa carrière politique en 2002 au sein du PS qu’elle quitta en 2015. Lors des législatives de 2017, elle est élue chez elle, dans la région Franche-Comté, au second tour face à un candidat de l’extrême-droite. Depuis, elle présidait le groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale.
Malgré ses engagements politiques exemplaires, la presse a dévoilé sa condamnation par le conseil des prud’hommes, en juin dernier, à verser des dédommagements (environ 6500 euros) à une collaboratrice parlementaire au titre de « rappel de salaire pour des heures supplémentaires » et pour « non-respect des durées maximales de travail et des temps de repos ».