Nommée directrice générale de l’Institut Pasteur, par son Conseil d’administration, en mars 2023, la professeure Yasmine Belkaid a pris officiellement ses fonctions en janvier dernier pour un mandat de 6 ans. La Franco-algérienne est une chercheuse de renommée internationale, grâce à ses travaux sur la relation entre les microbes et le système immunitaire.
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À 55 ans, la native d’Alger incarne la consécration absolue pour une femme de sciences en France, de surcroît d’origine algérienne. Un double symbole. L’ancienne étudiante de l’Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene (USTHB), est devenue, le 2 janvier 2024, la deuxième femme Directeur de l’Institut Pasteur depuis sa création par Louis Pasteur, en 1887. Elle est ainsi son 16e successeur.
Il est aussi très important, pour des millions de jeunes chercheurs d’origine immigrée qui aspirent à des rêves paraissant inatteignable, notamment les femmes, de savoir que cette nomination fait de Pr Belkaid la première personnalité scientifique algérienne, africaine et musulmane à occuper un tel poste. « Je sais pouvoir compter sur la grande diversité de talents et la liberté d’esprit qui font l’identité de l’institut. Je prends mes fonctions avec la volonté de défendre la recherche scientifique française et européenne face aux défis existentiels auxquels elle est confrontée », a-t-elle déclaré lors de sa prise de fonction. Elle ajouta en guise de conclusion : « Je mettrai tout en œuvre pour redonner à la jeune génération de chercheuses et de chercheurs l’envie de s’investir dans et pour la science ».
À cette occasion, le président du Conseil d’administration de l’Institut Pasteur, Yves Saint-Geours, a salué son « expertise scientifique, médicale et en santé publique », en se réjouissant d’avoir à la tête de l’institut une scientifique qui fait honneur à « son héritage » dans un « environnement hautement concurrentiel et devant les défis mondiaux et multisectoriels auxquels l’institut est confronté ».
Produit de la complémentarité entre l’université algérienne et française
La carrière de Yasmine Belkaid dans la recherche a commencé par l’obtention, en 1993, d’un master en biochimie de l’USTHB. Venue ensuite poursuivre ses études en France, elle obtint un DEA de l’université Paris-Sud, puis un doctorat en immunologie en 1996, dans le même établissement universitaire et en collaboration avec l’Institut Pasteur, où elle a étudié « les réponses immunitaires innées à l’infection par Leishmania ».
Rapidement, elle devient l’un des scientifiques les plus reconnus au monde en ce qui concerne les maladies infectieuses et l’immunologie. Avant qu’elle soit, aujourd’hui, l’auteure de « 220 articles scientifiques sur l’infection, l’immunité, l’immunologie, le microbiote et la nutrition », selon les informations de l’Institut Pasteur, sa renommée précoce la conduira aux États-Unis à l’entame du IIIe millénaire. Elle y suit un stage postdoctoral en « biologie des parasites intracellulaires », dans l’un des instituts de la prestigieuse agence fédérale américaine NIH (National Institutes of Health ou Instituts américains de la santé). Finalement, elle s’installe chez l’Oncle Sam, en 2002, pour mener ses recherches sur « l’immunologie moléculaire et l’immunologie des muqueuses ». Parallèlement, à partir de 2005, elle a occupé des postes importants au sein des différentes structures de la NIH. Elle y dirigeait, de 2021 à 2023, le « département de l’immunité de l’hôte et du microbiome ».
Membre de plusieurs comités et conseils scientifiques internationaux, Pr Belkaid a en outre reçu de nombreux prix et distinctions de ses pairs : Prix Sanofi-Institut Pasteur (France), en 2016, qui récompense annuellement des chercheurs d’envergure internationale pour l’excellence de leurs travaux dans les sciences du vivant ; Lurie Prize in Biomedical Sciences (États-Unis), en 2019, attribué chaque année en récompense pour la réalisation exceptionnelle par un jeune scientifique prometteur dans le domaine de la recherche biomédicale ; Prix Robert Koch (Allemagne), en 2021, décerné tous les deux ans pour récompenser les travaux distingués sur l’hygiène hospitalière et la prévention des infections. Avec de belles réalisations à la tête de l’Institut Pasteur, elle pourrait prétendre au prix ultime : le Nobel de médecine. C’est, en tout cas, ce que nous lui souhaitons ; pour le bien de l’humanité, qui a dévoilé sa fragilité immunitaire lors de la pandémie de la Covid-19, et pour honorer l’université publique algérienne, qui joue depuis l’indépendance la pépinière pour les universités et instituts de recherche français et internationaux.
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