Les Pays-Bas ont présenté officiellement leurs excuses pour avoir colonisé le peuple du Suriname à partir de 1667. Ce petit pays situé en Amérique du sud a été cédé par l’Angleterre au roi de Hollande dans le cadre d’un traité appelé « Breda ». C’est le roi Willem-Alexander en personne qui a pris la parole, samedi dernier, dans un jardin d’Amsterdam pour dire tout le mal qu’il pensait de la colonisation exercée par son pays. Devant un public composé de descendants d’esclaves et de colonisés, il a prononcé un discours pour demander pardon au peuple surinamien pour ce qu’il a enduré comme violences et exploitations négrières. « Aujourd’hui, je me tiens devant vous en tant que roi et membre du gouvernement. Aujourd’hui, je vous présente mes excuses personnellement », avait-il dit.
Il a ajouté : « Je ressens cela profondément dans mon cœur et dans mon âme. La traite des esclaves et l’esclavage sont reconnus comme crimes contre l’humanité», précisant au passage que « Les rois de la maison d’Orange (dont est issu le monarque actuel) n’ont rien fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, je demande pardon pour cette inaction ». Le plus dérangeant pour le Roi Willem est que sa famille et ses plus proches ont directement bénéficié de l’esclavagisme et de la traite négrière au Suriname. C’est ce que démontre, d’ailleurs, le rapport commandé par le ministère de l’Intérieur néerlandais. Il indique qu’entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l’équivalent de 545 millions d’euros, à une époque où l’esclavage était très répandu, et parmi les plus grands bénéficiaires figurent les lointains ancêtres du roi actuel, à savoir Guillaume III, Guillaume IV et Guillaume V d’Orange-Nassau.
250 années d’esclavagisme hollandais
En décembre 2022, c’est le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui avait présenté les « excuses officielles du gouvernement » pour rôle de l’Etat hollandais en 250 ans d’esclavage. Il avait qualifié ces actes de « crime contre l’humanité ». Ce pays cherche à « dépoussiérer » son passé colonialiste et à ouvrir, dans la sérénité, un débat national sur cette période de son histoire. Cependant, malgré la volonté du roi Alexander, une partie de la classe politique se situant à l’extrême-droite refuse toujours de parler de cette sombre partie de l’Histoire.
Samedi dernier, un pas vers la réconciliation des mémoires a été franchi. De nombreux descendants d’esclaves et de colonisés ont assisté au discours du roi de Hollande. Plusieurs d’entre eux ont salué sa démarche. « On peut leur pardonner, mais on ne peut jamais oublier. C’est une partie de notre culture. Mais il faut qu’on leur accorde le pardon, sinon on ne pourra pas vivre ensemble », a estimé une descendante d’un esclave surinamien citée par France24. Un autre a ajouté : « Les pardons ne sont pas suffisants. Il faut les accompagner avec des réformes et des actions en justice ».
Pour rappel, les Pays-Bas ont pratiqué l’esclavage durant près de 250 ans. Les colons ont déporté plus de 600 000 personnes du continent africain vers le Suriname et plusieurs autres pays caribéens. Ils ont fait d’eux des esclaves desquels ils ont tiré des fortunes colossales.