Nouveau gouvernement en France : Rachida Dati, symbole de la « droitisation » et « caution » diversité

Rachida Dati, ministre de la Culture

La femme politique d’origine algéro-marocaine, Rachida Dati, fait partie, à la surprise générale, du gouvernement resserré du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, qui a tenu, ce matin vendredi 12 janvier, son Conseil des ministres inaugural. C’est un vrai bon coup politique d’un Emmanuel Macron qui met le cap à droite toute ! Elle est nommée ministre de la Culture, en remplacement de Rima Abdul Malek, qui a participé à la mini fronde de sept ministres de l’« aile gauche » au moment du vote de la loi sur immigration avec les voix de l’extrême droite.    

Ancienne garde des Sceaux et ministre de la Justice sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de mai 2007 à juin 2009, Rachida Dati est ce qu’on appelle une personnalité politique « bonne cliente » des médias. La maire du 7e arrondissement de Paris est sans filtre et zéro langue de bois. Ce qui a fait d’elle, au fil des années, l’une des femmes de droite les plus influentes. En tant que cheffe de file de l’opposition LR (Les Républicains) au sein du Conseil de Paris, du moins jusqu’à hier, elle rendait vraiment la vie dure à la maire, Anne Hidalgo. Celle-ci, soulagée, a quand même tenu à lancer une petite pique à son « ennemie jurée » en ironisant sur sa nomination. « Je souhaite bon courage aux acteurs du monde de la culture compte tenu des épreuves qu’ils vont traverser avec la nomination de Rachida Dati comme ministre de la Culture », a-t-elle publié sur ses réseaux sociaux.

Dati au gouvernement Attal, symbole de la « droitisation » de la macronie

Le retour de Rachida Dati au gouvernement, en tant que ministre de la Culture (7e dans l’ordre protocolaire) est le symbole de la « droitisation » de ce qui reste du deuxième quinquennat du président Macron. 7 des 11 ministres de plein exercice désignés hier, ou confirmés dans leurs postes, sont issus de la droite : Bruno Le Maire, ministre de l’Économie (2e dans l’ordre protocolaire après le Premier ministre) ; Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur (3e dans l’ordre protocolaire) ; Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé (4e dans l’ordre protocolaire) ; Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture (6e dans l’ordre protocolaire) ; Sébastien Lecornu, ministre des Armées (8e dans l’ordre protocolaire) ; Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique (11e dans l’ordre protocolaire).

Trois autres ministres sont issus de la société civile : la haute fonctionnaire Amélie Oudéa-Castéra, qui hérite d’un super ministère regroupant l’Education nationale, la Jeunesse et les Sports (5e dans l’ordre protocolaire) ; l’avocat Éric Dupond-Moretti, maintenu dans ses fonctions de garde des Sceaux et ministre de la Justice (9e dans l’ordre protocolaire) ; la physicienne Sylvie Retailleau, qui garde le portefeuille de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (12e dans l’ordre protocolaire).

Cette dernière est la seule ministre de l’« aile gauche » du gouvernement d’Élisabeth Borne, qui a survécu à ce qui semble être une « purge » contre les membres de l’exécutif qui avaient menacé de démissionner en signe de contestation contre le vote de la loi sur l’immigration, dont plusieurs mesures sont jugées « trop dure » voire « discriminatoires » au point d’être votée par l’extrême droite et la droite extrêmée. Quant à Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères (10e dans l’ordre protocolaire), il est le seul homme politique de carrière issu de la gauche (Parti socialiste) à intégrer le nouveau gouvernement. Âgé de 38 ans, il détient ainsi le record de la plus jeune personnalité à prendre les rênes de la diplomatie française de toute l’histoire de la Ve République, là où Gabriel Attal est le plus jeune à prendre la tête du gouvernement à seulement 34 ans.

La nomination de Rachida Dati vivement critiquée

Au-delà de la symbolique que représente Dati par rapport à une équipe gouvernementale certes resserrée mais surtout clairement droitisée, surnommée « gouvernement Sarkozy IV », l’opposition a vivement critiqué sa nomination à cause d’une mise en examen pour « corruption passive », « trafic d’influence passif » et « recel d’abus de pouvoir », dans le cadre d’une procédure pénale qui dure depuis juillet 2021. La réaction la plus virulente a été sans doute celle d’Olivier Faure. « La ‘‘régénération’’, c’est donc celle des dinosaures Sarkozystes. Le ‘‘réarmement civique’’, c’est donc la nomination d’une ministre mise en examen pour trafic d’influence et corruption. Après l’effet waouh, l’effet pschitt. », a ironisé le Premier secrétaire national du Parti socialiste, sur son compte X.   

Des socialistes aux communistes, en passant par les insoumis et les écologistes, la gauche a usé du même argument judiciaire pour fustiger d’emblée l’arrivée de Dati dans le nouveau gouvernement, relevant au passage avec « regrets » non seulement la fin de la promesse d’« exemplarité », mais aussi celle de la « parité ». Par ailleurs, la désignation de Catherine Vautrin au Travail et à la Santé a également posé problème à toute la gauche, tant elle est connue pour avoir été membre de la « Manif pour tous », organisation homophobe qui avait milité contre la loi du 17 mai 2013 sur le mariage pour tous (mariage des personnes de même sexe), et d’être une farouche opposante à la légalisation de l’« aide active à mourir », pourtant promise par Macron.

Pour revenir à Dati, son nouveau patron, Gabriel Attal, l’a défendue dès le soir de sa nomination. « C’est une femme d’engagement. […] Une mise en examen ce n’est pas une condamnation… Cela ne signifie pas une culpabilité », a-t-il tranché lors de son passage au 20H de TF1. Cependant, son désormais ancien chef politique Éric Ciotti, président de LR, l’a lâchée. Il a annoncé son exclusion du parti immédiatement après l’annonce de la nouvelle équipe gouvernementale.

À noter enfin que, malgré elle, Rachida Dati n’est pas uniquement le symbole de la « droitisation » de la présidence d’Emmanuel Macron, certainement par calcul politique et énième stratégie pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir en 2027, elle est aussi la seule « caution » diversité du gouvernement, dans un contexte de grand clivage sociétal autour de l’immigration en France,  particulièrement « maghrébine » et « musulmane ».  

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