Le « poulet vert » en Algérie : une solution à l’antibiorésistance

Une série de conférences a eu lieu, mardi 20 février, à Alger, autour de l’élevage du poulet sans antibiotiques en présence d’une centaine de participants algériens et étrangers en provenance de Thaïlande, du Bénin, du Canada et de Pologne, notamment. De prestigieux invités, vétérinaires et spécialistes de la santé animale, sont intervenus pour évoquer la résistance aux antibiotiques qui pourrait devenir la première cause de mortalité humaine dans le monde, avant le cancer, en 2050.

« Ce séminaire a été organisé pour faire comprendre aux gens comment le poulet vert était né, quelles étaient les intentions de développement de ce poulet et pourquoi la résistance aux antibiotiques est un enjeu majeur. », explique François Blua, directeur général des laboratoires Biodevas et organisateur de l’événement. Si l’entreprise familiale française a choisi l’Algérie pour la tenue de cette rencontre, c’est pour mettre en avant un partenariat réussi avec la société algérienne Plantaxion depuis plus de dix ans. « Nous avions envie de montrer quelle a été la démarche de Plantaxion en Algérie, quelle a été l’utilisation de nos produits et comment ils ont abouti à faire un produit sans antibiotiques.», poursuit le chef d’entreprise.

Il y a un peu plus d’un an, Plantaxion a développé sa propre usine en Algérie pour fabriquer les produits sur place, dans le cadre d’un contrat de licence avec Biodevas. « Il s’agit d’un partage de technologies et de savoir-faire en termes de processus industriel et de développement de produit. Nous envoyons des concentrés d’actif et nous avons formé les équipes à la préparation des produits finis dans l’unité de fabrication de Plantaxion. », précise notre interlocuteur.

Solution verte contre l’usage abusif des antibiotiques

Un partenariat gagnant-gagnant pour Plantaxion qui était à la recherche d’une solution à l’utilisation abusives des antibiotiques et à l’antibiorésistance au sein des élevages avicoles en Algérie, explique le docteur Arezki Belharet, directeur technique des laboratoires Plantaxion. La société algérienne, qui a commencé à distribuer les produits du laboratoire français en 2014, a établi un partenariat avec le groupe Khider, l’un des leaders algériens de l’élevage avicole.

À force de travail et d’essais, la première filière du poulet sans antibiotiques a vu le jour à la fin du mois de juin 2023 ; et les premiers abattages, en septembre 2023, ont été suivis par la mise sur le marché du produit vert. « Il s’agit d’un bond en avant qualitatif et les feedback de la part des consommateurs sont positifs. », se réjouit Dr Belharet. « En septembre, nous étions présents dans quatre wilayas, et en janvier nous étions sur dix wilayas. La demande ne fait qu’augmenter mais il faut que l’on soit costaud sur le plan structurel et organisationnel car c’est un produit fragile qu’il faut manipuler avec précaution. C’est la raison pour laquelle, nous nous développons intelligemment et doucement car nous ne pouvons pas toucher un pays continent en deux mois. », ajoute-t-il.

Poulet plus cher, mais plus sain

Il précise que le produit est déjà disponible dans certaines boucheries et restaurants, ainsi que chez le distributeur Carrefour à Alger, où le poulet vert est vendu 100 à 120 dinars de plus le kilogramme par rapport au poulet sans antibiotiques. « Nous envisageons d’aller vers les écoles car la santé des enfants est importante et vers les hôpitaux afin de les informer de l’existence de nos produits. », indique encore le responsable de Plantaxion.

L’initiative est, en tout cas, soutenue par le ministère algérien de l’Agriculture. « La tendance mondiale est au retour vers le bio et aux traditions de nos grands-parents. Nous encourageons ce type d’élevages car c’est la santé du consommateur qui prime avant tout. », explique Leila Toumi, sous directrice des petits élevages au ministère de l’Agriculture, présente à l’événement, qui affirme que « des mesures ont déjà été prises par le ministère pour encadrer les éleveurs avicoles, avec notamment la création d’un comité scientifique, composé de chercheurs, professionnels, et de cadres relevant du secteur de l’agriculture ».

Mercredi 21 février, une trentaine de participants internationaux ont eu l’occasion de visiter les élevages et abattoirs du groupe Khider, situés à Aïn Oussera dans la wilaya de Djelfa.

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