Musique algérienne de l’exil, partie intégrante de la chanson de France

Portrait d'Idir

D’Aïssa Djermouni, premier artiste algérien à se produire à l’Olympia, et de Slimane Azem, doyen de la chanson kabyle de l’exil, jusqu’au rappeur Soolking et DJ Snake qui explosent tout sur les plateformes en ligne, en passant par Rachid Taha, père du rock arabe, ainsi que Cheikha Remitti, Cheb Mami et Cheb Khaled, Mamie, Prince et King du raï, les musiques d’origine algériennes donnent, depuis un peu plus d’un siècle, du piment, de la couleur, du peps et du rythme à la chanson française. Rétrospective.

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S’il y a à choisir un seul artiste français d’origine algérienne qui a donné ses lettres de noblesse à la musique de l’exil en France intergénérationnelle, Rachid Taha sort facilement du lot. De ses débuts avec le groupe rock Carte de séjour, en 1980, jusqu’à son album posthume Je suis africain en 2019, il a incarné sans complexe un style musical métissé franco-algérien, rock-raï, qui parle tout à la fois aux jeunes français de toutes les origines fans de la musique urbaine, aux Franco-algériens épris du patrimoine musical importé depuis l’Algérie et à un public international qui savait particulièrement savourer son « invention » de rock arabe, dont l’hymne est Rock el Casbah.

Rachid Taha, le rock de la Casbah dans la douce France

Dans l’exposition itinérante Douce France, du titre de l’une de ses chansons reprenant elle-même celui de la célèbre chanson de Charles Trenet, que le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) a créé en 2021, Taha est célébré comme l’artiste qui a réussi à réconcilier les jeunes français d’origine immigrée avec leur Pays. « L’héritage de Rachid Taha, c’est d’avoir non seulement rendu fiers les enfants d’immigrés de leur culture d’origine, mais aussi d’avoir ouvert les yeux, les oreilles et les cœurs du plus grand nombre à la diversité culturelle, à la richesse du dialogue, des langues, des cultures et des identités. », résume l’historienne Naïma Yahi, l’une des deux commissaires de l’expo avec la chercheuse Myriam Chopin.

Cependant, avant et après le natif de Sig, dans l’Oranie, la musique algérienne en France ou de France a toujours su imposer des chanteurs populaires et consensuels, qui aboulissent les frontières culturelles entre le Français et l’Algérien. « La France des couleurs », pour reprendre le beau titre du regretté Idir, un autre chantre d’une musique algérienne universelle, a été peinte par des artistes immigrés, algériens notamment.

Pochette de l’album Je suis africain, 2019.
Rachid Taha, le rockeur arabe qui chantait la France, l’Algérie et l’Afrique (pochette de l’album posthume Je suis africain, 2019).

 

La chanson du bled, remède du « mal du pays »

Au début des années 1920, les premières petites communautés d’immigrés algériens commencent à s’installer en France, plutôt à la marge des villes françaises. Pour la plupart, ouvriers ou soldats durant la Première Guerre mondiale, ils ont fait le choix de tenter leur chance en restant travailler en métropole pour mieux subvenir aux besoins de leurs familles au « bled ». Rapidement ils se rendent compte que l’exil, à ce moment-là « choisi », est trop dur, entre des emplois ingrats et éprouvant physiquement ainsi que les salaires et les logements de misère, le « mal du pays » fait des ravages. Ils trouvent alors refuge dans des cafés de « fortune », bientôt dans des bistrots et des cabarets, pour se retrouver, manger, boire et, surtout, écouter la musique traditionnelle, bien de chez eux, lors de soirées festives animées par des jeunes chanteurs mateurs, ouvriers le matin et artistes le soir.

Parallèlement, une jeune génération d’artistes « professionnels » émergent en Algérie, grâce notamment à la station locale Radio Alger, créée en 1926, qui les produisaient et leur offraient du temps d’antenne. En effet, il faut attendre le début des années 1960 pour voir les émissions de radio et les maisons de disque parisiennes s’intéresser à l’enregistrement et la diffusion des artistes d’origines algérienne. En attendant, de l’autre rive de la Méditerranée, les nouvelles stars de la chanson « indigène » prennent leurs aises et se permettent même de se produire en France, notamment dans la région parisienne : Mahieddine Bachtarzi, Larbi Bensari, Salim Halali, etc. Les premiers immigrés apprenaient leurs chansons par cœur, et pour certains, ils avaient même la chance de les voir sur scène en France, comme ce fut le cas avec le chanteur chaoui Aïssa Djermouni, le premier artiste algérien à se produire à la salle mythique de l’Olympia, en 1937.

Ya Rayah ô El Menfi, l’Algérie mon beau pays

Mais la chanson algérienne de l’exil atteint un niveau supérieur avec l’avènement d’El Hadj M’hamed El Anka, maître pionnier du style « chaâbi » (populaire en arabe), au cœur de la casbah d’Alger, au début des année 1930. Bien qu’il passe sa vie entière dans la rive sud, ses chansons ont traversé la Méditerranée, devenues les unes après les autres la source principale du répertoire de la chanson algérienne « grand public ». Lui-même originaire de Kabylie, il a influencé beaucoup de jeunes chanteurs montant à son époque, lui le chef de l’orchestre chaâbi de la Radio d’Alger, à l’image de Slimane Azem et Cheikh El Hasnaoui, très portés sur le folklore kabyle à leurs débuts. C’est la naissance du chaâbi kabyle, qui va profondément marquer la chanson algérienne de l’exil.

Le chaâbi a d’ailleurs donné plusieurs hymnes immortels à l’immigration algérienne : la chanson Yal Menfi (le banni), chantée en arabe par un autre chanteur kabyle, Akli Yahyaten, durant les années 1950 ; Ya Rayah (ô partant) de Dahmane El Harrachi, qui a eu un succès phénoménal dès sa sortie en France, en 1973. Comme Yal Menfi, Ya Rayah a été reprise plus tard par Rachid Taha ; la chanson Algérie mon beau pays de Slimane Azem, interprétée en français durant les années 1970.

En pleine guerre d’Algérie, temps où il ne fallait pas trop se montrer en tant qu’Algérien à Paris, un lieu culturel historique servait de tribune d’expression aux artistes algériens : le cabaret oriental Tam Tam. On y voit défiler Salim Halali, Souad l’Oranais, Cheikh El Hasnaoui, Akli Yahyaten, Salah Saadaoui etc., ainsi que la petite vedette de l’époque Warda Al Jazairia. C’est son papa qui tenait ce cabaret, qui organisait des activités culturelles et soutenait, en même temps, l’indépendance de l’Algérie en collectant l’argent pour le Front de libération nationale (FLN). Tous les chanteurs maghrébins et arabes qui vivaient en exil se sont produits dans la célèbre rue Saint Sauveur, dans le 5e arrondissement de Paris.

El Hadj M’hamed El Anka est le pionnier, au début des années 1930, de la musique la plus populaire dans l’im- migration, pendant la période coloniale et les quelques décennies qui suivront l’indépendance, en l’occurrence le chaâbi. Il va aussi influencer beaucoup de futurs grands artistes de l’exil (©D.R.).
El Hadj M’hamed El Anka est le pionnier, au début des années 1930, de la musique la plus populaire dans l’immigration, pendant la période coloniale et les quelques décennies qui suivront l’indépendance, en l’occurrence le chaâbi. Il va aussi influencer beaucoup de futurs grands artistes de l’exil (©D.R.).

 

Slimane Azem, le poète qui dompta l’exil

Les années soixante seront marquées par l’arrivée d’une nouvelle vague d’émigrés algériens en France. Poussés par la misère, ils étaient à la recherche d’un emploi pour nourrir la famille restée au pays. Un poète a bien décrit cet exil, « forcé » cette fois-ci : Slimane Azem. Lui-même exilé, ne pouvant plus retourner en Algérie pour des raisons politiques, il a symbolisé les artistes arrachés de force à leur terre algérienne.

Tous les vendredis et samedis soir, les ouvriers algériens se bousculaient pour l’écouter dans des cafés arabes ou kabyles de la région parisienne. Mais pas que ! L’enfant de la Kabylie est devenu, avec le temps, une grande star, en chantant aussi en français. Sa célèbre chanson Algérie mon beau pays fait pleurer jusqu’à aujourd’hui les nostalgiques du pays. On peut aussi citer la chanson d’exil préférée du sociologue de l’immigration algérienne en France, Abdelmalek Sayad : Ur iṛuḥ ur yeqqim (Rester ou s’en aller… S’en aller ou rester…), traduite par ses soins et publiée dans un article académique en 1977. Avec Cheikh Nourredine, Azem produisait également des sketchs qui dénonçaient les travers des sociétés algérienne et française. Il a chanté aussi l’arrachement de milliers de personnes de leurs familles, de leur terre ainsi que les discriminations qu’ils endurent en métropole, en pleine guerre d’Algérie.

Pour l’ensemble de son œuvre, un hommage inédit lui a été rendu de son vivant par un certain Lounis Aït Menguellet. Ce dernier et Lounès Matoub, assassiné en 1998, sont considérés, à juste titre, comme les dignes successeurs du parrain de la chanson algérienne d’expression kabyle, au pays et dans l’exil. C’était lors de son premier concert à l’Olympia en 1978, qui a attiré plusieurs milliers d’immigrés venus découvrir ce nouveau chanteur longiligne et timide. En plus de chanter la guerre et les sacrifices consentis par les martyrs, Aït Menguellet s’était également intéressé aux souffrances des exilés. Dans l’une de ses célèbres chansons, il parla en leur nom : « De l’usine à la maison, nous ne voyons point de lumière ». Il y raconta, avec force détails, la vie des travailleurs immigrés, obligés de se lever chaque matin aux aurores, en plein froid, pour aller travailler à la chaîne dans les usines de Renault et de Peugeot, dans des mines de charbon, etc. Dans sa chanson Toi pars, moi je reste, il a tenu à rendre hommage à Slimane Azem et à tous ces Algériens « chassés » de leur pays sans espoir d’y retourner. Aucune personne ne peut guérir des affres du déracinement, y compris le grand Azem, qui s’est résigné à vivre et à mourir en exil, à l’âge de 64 ans, sans jamais pouvoir revoir l’Algérie de son enfance.

Idir, la nouvelle note musicale dans les milieux immigrés

Après Aït Menguellet et avant les passages réguliers de Matoub dans les salles françaises, à partir des années 1980, c’était au tour d’un nouvel arrivant sur la scène musicale, en l’occurrence Idir, d’envahir les cœurs des immigrés algériens, mais aussi, une première du genre, ceux des Français. Et pour cause, son premier disque A Vava Inouva, produit à Paris en 1976, a rencontré immédiatement un grand succès parmi la communauté algérienne et le public français d’une manière général. Il est devenu par la suite un tube planétaire.

Dans sa chanson Le temps est venu pour partir, l’enfant de la haute Kabylie a décrit avec exactitude les départs des ouvriers algériens vers la France pour travailler : une valise entre les mains et la tête pleine de rêves et d’espoirs. Mais il a ajouté qu’une fois arrivés, ils déchantent vite car ce qu’ils avaient trouvé ne correspondait pas à ce dont ils rêvaient. Autrement dit, des ouvriers vivant à cinq ou plus dans une chambre d’hôtel, cotisant pour manger afin d’économiser le moindre sou qu’ils devaient envoyer à ceux restés au pays.

C’étaient encore la période de vaches maigres de la fin des années 1970 pour les chanteurs de l’exil également, mais en même temps pleines de promesses. Dans cette période, des disquaires et des maisons de disques spécialisés dans la chanson algérienne commençaient à voir le jour à Paris : Éditions Azwaw, projet auquel a contribué Idir en 1978 ; Triomphe musique ; etc. Idir a ouvert de nouveaux horizons. Il a su capter un nouvel auditoire composé essentiellement de citoyens français pour qui la chanson algérienne n’était pas très accessible au départ. Il connaîtra un grand succès au sein de l’immigration algérienne, mais sa notoriété dépassera largement les frontières hexagonales dès les années 1990.

Raï & Rap, la fierté des DZ en France

En 1986, la déferlante du raï qui s’abat sur la France et la diaspora algérienne. Cette musique née dans les bas-fonds des villes de l’ouest algérien, telles qu’Oran, Sidi Bel Abbès, Mostaganem, etc., avant de s’imposer en France puis en Europe, a fait ses preuves, cette année-là, comme chanson d’exil grâce au premier Festival Raï, organisé par la mairie de Bobigny et la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis. Cheb Khaled, Cheb Mami, Raïna Raï, etc., donnèrent de la voix pour faire découvrir, à quelques 2000 spectateurs, ce nouveau genre musical qui tranchait complètement avec ce que la communauté immigrée algérienne écoutait jusqu’alors. « Au diable » les thématiques sur l’exil, le déracinement et la dureté de la vie, place aux paroles légères, aux histoires d’amour, etc. L’écho est sans appel. La même année, la Grande Halle organise un autre grand concert de raï avec la participation de la légende Cheikha Remitti et les autres stars du genre : les Meddahates, Cheb Khaled, Belkacem Bouteldja, Raïna Raï, Bellemou Messaoud, etc. Ce sont eux qui feront de cette musique de l’Oranie un véritable phénomène mondial et un courant artistique populaire majeur, comme le rap, le reggae ou le fado.

Soolking fait taire les sceptiques depuis plus de cinq ans maintenant, qui ne croyaient pas trop à la fusion entre le rap français et algérien. Mais sa touche DZ atypique lui a permis de faire une percée remarquable dans le monde de la chanson française. Aujourd’hui, c’est l’un des rappeurs les plus fédérateurs et les plus populaires en France (©D.R.).
Soolking fait taire les sceptiques depuis plus de cinq ans maintenant, qui ne croyaient pas trop à la fusion entre le rap français et algérien. Mais sa touche DZ atypique lui a permis de faire une percée remarquable dans le monde de la chanson française. Aujourd’hui, c’est l’un des rappeurs les plus fédérateurs et les plus populaires en France (©D.R.).

 

Le raï, au-delà de la joie qu’il procure, a le mérite d’avoir rendu fiers les Algériens de France, enfin existants et positivement cités dans l’espace public. Alors que la chanson algérienne, en général, n’était que rarement programmée sur les télévisions et les radios françaises, le raï a complètement changé la donne. Les géants du raï Khaled, Mami et Remitti étaient invités régulièrement à participer à des émissions culturelles de prime time. Une revanche pour une communauté invisibilisée depuis la fin de la guerre d’Algérie.

Ce champ des possibles ouvert par le raï a été bien occupé, particulièrement à partir des années 1990, par un autre genre urbain : le rap, dont l’incarnation originale a été le rappeur d’origine algérienne Rim’K, alors leader du groupe 113 avec lequel il a annoncé la couleur Ni barreaux, ni barrières, ni frontières (1998). Le tube Tonton du Bled (1999), interprété en solo par Rim’K, est devenu un morceau culte du rap français. Avec beaucoup d’autodérision, pour déconstruire certains clichés racistes, il caricature l’immigration algérienne en France et affirme sa double identité franco-algérienne, à la fois de « banlieusard » et de « blédard ».

Comme d’autres groupes qui innovèrent dans le rock français, en l’occurrence Zebda et Cheikh Sidi Bémol en lui greffant des instruments et des rythmes musicaux typiquement algériens, Rim’K a ajouté sa patte DZ dans le rap français. Toute une génération de rappeurs franco-algériens, en tête de liste des meilleurs ventes de disques et visionnages en ligne durant la dernière décennie, a suivi son exemple : Lacrim, Fianso, Sinik, L’Algérino, Médine, ou encore, plus récemment, les phénomènes PNL et Soolking. Tout en racontant leur vie de jeunes français d’origine algérienne, ils n’oublient pas dans leurs paroles et musiques d’évoquer l’Algérie, celle de la colonisation, mais aussi celle de l’autoritarisme postindépendance. Le tout, souvent dans une langue française « algérianisée ». Parmi les nouveaux genres, la musique électro et de mixage a permis à DJ Snake, d’origine algérienne lui aussi, de devenir l’artiste français le plus écouté au monde. Avec son morceau hommage au raï et à l’Algérie Disco Maghreb (2022), 157 millions de vues sur YouTube jusque-là, il a rendu fier tout un peuple, celui de sa mère, le sien.

Renouveau de la chanson féminine d’origine algérienne

La musique moderne franco-algérienne, regroupée sous le genre Raï N B, a par ailleurs relancé les femmes d’origine algérienne sur la scène. Hormis peut-être dans le raï, avec notamment Cheikha Remitti et Cheba Zahouania, qui a commencé sa carrière au début des années 1980, les voix féminines algériennes ne résonnaient plus vraiment en France, ou alors discrètement, entre la fin des années 1970 et celle des années 1990. C’est-à-dire depuis l’époque de Taos Amrouche, la poétesse kabyle qui ensorcelait son public par des préludes tout aussi tristes que magiques, et de la chanteuse Noura, disque d’or en 1970. Pour entendre des voix de la même beauté, il faut attendre le début années 2000 avec la chanteuse lyrique Amel Brahim-Djelloul.

Souad Massi, virtuose de la guitare et de la pop folk, se distingue sur la scène musicale française par son élégance authentique et sa capacité à fidéliser son public tout en douceur. La chanteuse algéroise est la force tran- quille du paysage musical franco-algérien (©D.R.).
Souad Massi, virtuose de la guitare et de la pop folk, se distingue sur la scène musicale française par son élégance authentique et sa capacité à fidéliser son public tout en douceur. La chanteuse algéroise est la force tran- quille du paysage musical franco-algérien (©D.R.).

 

La voie du retour en grâce des chanteuses d’origine algérienne sur la scène musicale française « grand public » a été tracée par Nâdiya, de son vrai nom Nadia Zighem. Elle a été révélée par le télé-crochet Graines de star, diffusé sur M6 à partir de 1996. Dès son premier album (Changer les choses, 2001), avec un style pop teinté de touches orientales, elle a séduit la télévision et l’industrie du disque, qui ont alors couru à la recherche de talents du même genre. Depuis, une armada de jeunes artistes franco-algériennes s’est imposée parmi les tops de la musique féminine en France : Chimène Badi, Amel Bent, Kenza Farah, Sheryfa Luna, Zaho, etc., et dans d’autres styles importés crument d’Algérie : Samira Brahmia, Souad Massi, Amel Zen, etc.

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Slimane Azem, premier disque d’or d’un artiste algérien

Portrait de Slimane Azem

Slimane Azem est le premier artiste algérien à recevoir un disque d’or en France (©D.R.).

Natif de l’Algérie, en 1918, à Agouni Gueghrane (Kabylie), Slimane Azem a migré en France dès 1937 pour aider ses parents, issus d’une famille paysanne. En France, il est, d’abord, ouvrier dans une aciérie de Longwy en Lorraine (est). Ensuite, il sera mobilisé dans l’armée française en 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale. Réformé en 1940, il s’installa à Paris pour travailler dans le métro, avant d’être rattrapé par la guerre. En effet, en 1942, il a été réquisitionné par le STO (Service du travail obligatoire) et envoyé dans un camp à Rhénanie (ouest de l’Allemagne), jusqu’à la fin du conflit. De nouveau parisien en 1945, il achète un café dans le 15e arrondissement. Ce lieu de vie pour l’immigration algérienne lui a permis de lancer véritablement sa carrière artistique, entamée déjà depuis quelques années. Pendant et après la guerre d’Algérie, Azem souffre de sa relation difficile avec l’Algérie, à cause des positions politiques de son frère Ouali, militant pro-Algérie française et député français de Tizi-Ouzou (1958-1962). Alors qu’il ne partageait pas ses opinions, comme l’indique clairement son œuvre, Slimane a été banni de son pays aux premières années de l’indépendance, puis il refusa à son tour d’y retourner, quelques années plus tard, quelque chose ayant été cassée en lui. Néanmoins, le chanteur a toujours été reconnu par la diaspora algérienne, d’expression berbère ou arabe, comme un artiste fédérateur de l’immigration. En 1970, il reçoit le premier disque d’or remis à un artiste algérien en France. Il s’éteint en janvier 1983, dans sa ferme à Moissac (Occitanie). 

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