Sahel : La situation se dégrade au Mali après le départ des soldats étrangers

Force de la MINUSMA
Des dizaines de morts, des villes et villages assiégés et des deuils en série. Depuis quelques jours, le Mali fait face à une énorme vague d’attentats terroristes. Deux attaques distinctes ont visé, jeudi 7 septembre, le bateau « Tombouctou » sur le fleuve Niger et une position de l'armée malienne à Bamba dans la région de Gao (nord du pays).

Le bilan provisoire est de 49 civils et 15 militaires tués, ainsi que des dizaines de blessés, selon un communiqué du gouvernement malien, qui ne précise pas combien de personnes sont mortes respectivement sur le navire et dans la base militaire.

Les mêmes sources gouvernementales affirment que les deux attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). La riposte de l’armée régulière aurait permis de « neutraliser une cinquantaine de terroristes ».

Le bateau a été visé par « au moins trois roquettes tirées contre le moteur », a indiqué à l’AFP la Comanav, qui assure une importante liaison sur plusieurs centaines de kilomètres de Koulikoro, près de Bamako, jusqu’à Gao, en passant par les grandes villes sur le fleuve. Les victimes sont pour la plupart décédées par noyade, raconte Herbé Doumbia, journaliste malien.

Wagner insuffisant pour remplacer la MINUSMA ?

Dans une intervention à la télévision officielle, le général de division Omar Diarra, chef d’Etat-Major général des armées maliennes, a indiqué dans la soirée de vendredi que le bilan n’avait pas changé. Il a annoncé que des moyens aéroportés avaient été employés pour neutraliser les terroristes. Il a réitéré la détermination de son armée à les traquer. Dans la foulée, les autorités de transition à Bamako ont décrété un deuil national de trois jours.

Si les attentats terroristes n’ont jamais cessé, ils se sont multipliés et sont devenus plus meurtriers depuis le retrait des forces françaises et de la Mission des Nations unies pour le Mali (MINUSMA). Un fait auquel s’ajoute la position ambigüe du groupe de mercenaires Wagner. « Les événements actuels soulèvent de sérieuses questions sur la qualité des instructeurs russes au Mali. Les anciens combattants, restés loyaux à feu Prigogine, avaient une expertise que les nouveaux semblent ne pas égaler. La purge au sein de Wagner et l’émergence de 27 autres sociétés militaires privées en Russie ne remplacent pas l’efficacité de ceux qui étaient sur le terrain. Nous nous préparons pour des jours difficiles », écrit Sega Diarrah, un autre journaliste malien.

Risque de nouvelle guerre civile malienne ?

Pour d’autres observateurs, la situation est beaucoup plus grave que ce qu’il parait. « Une nouvelle guerre civile au Mali est à craindre. Avec le départ de la MINUSMA, les hostilités sont manifestes entre les autorités et la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad, ndlr). Je crains que la CMA ne devienne un nouveau front », a indiqué, vendredi à France 24, Djibrill Bassolé, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso. La CMA menace, en effet, de reprendre les armes pour s’opposer au gouvernement central, après le retrait des troupes de la MINUSMA.

Cela se passe au moment où les groupes islamistes armées se réorganisent et se livrent une guerre de positions, en même temps qu’ils s’attaquent à l’armée malienne et parfois aux populations civiles.

Les autorités maliennes de transition, elles, se disent « déterminées » à lutter contre tous ces groupes. Elles ont acquis quelques avions et armements russes. Mais cela suffit-il ? Pas si sûr.

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