En évoquant le « pacte asile et immigration » entériné par l’Union européenne (UE), qui servira notamment aux pays membres de mieux contrôler les demandes d’asile, le président français, Emmanuel Macron, a cité plusieurs pays, dont l’Algérie, d’où proviennent des personnes d’une manière irrégulière et qui finissent par s’installer en France au bout de longues procédures du droit d’asile.
C’est un moment de l’entretien accordé, mercredi 20 décembre, par Emmanuel Macron à l’émission « C à vous » sur France 5 (chaîne publique du groupe France Télévisions), qui a fait l’objet de très peu de commentaires. Le président français réagissait aux critiques qui se sont élevées après le vote de la très dure loi immigration par sa majorité, soutenue par la droite et l’extrême droite. Tout en réfutant que ladite loi soit inspirée des idées portées depuis 50 ans par l’extrême-droite, et particulièrement par Jean-Marie Le Pen, il a montré du doigt un certain nombre de pays d’origine d’une immigration qu’il considère comme forcée et qui profite de certaines procédures pour réussir à s’installer en France, en détournant par exemple les règles du droit d’asile. Parmi ces pays : l’Algérie.
« Pour les pays en guerre ou en conflit dont les gens viennent demander chez nous l’asile, comme l’Afghanistan, le Pakistan, L’Érythrée ou autres, on continuera de donner l’asile car ce sont des pays en guerre avec des situations très difficiles », déclare le président français. Toutefois, il enchaine son propos en dénonçant « les passeurs qui profitent de la misère humaine », même dans des pays « qui ne sont pas du tout des pays en guerre ». Il a ainsi regretté que, chaque année, des dizaines de milliers de personnes « viennent de Côte d’Ivoire, du Sénégal, d’Algérie, du Maroc, de Guinée, c’est-à-dire de pays avec lesquels nous avons des relations diplomatiques tout à fait normales et auxquels on délivre plusieurs milliers de visas par an, où vous avez des ambassades et des consulats ouverts… pour demander l’asile ».
Comme l’Europe, la France restreint le droit d’asile
Pour le chef d’Etat, tout ce beau monde arrive sur le sol français, et européen d’une manière générale, « en prenant tous les risques et en payant des milliers d’euros aux passeurs », dans le but de détourner « la procédure concernant la demande d’asile ». Il avoue que les autorités françaises et européennes se retrouvent souvent devant le fait accompli. « Les procédures étant très lourdes, on met des mois et des mois, parfois des années, à instruire, avec le jeu des recours, leur situation. Ce faisant on est peu efficace pour bien traiter les dossiers des femmes et des hommes qu’on voudrait protéger plus vite. En restant 6, 12, 18 et parfois 24 mois sur notre sol, ils finissent par avoir un emploi, un enfant et ils s’installent définitivement. Et ça, ce n’est pas sérieux », a-t-il expliqué.
Le locataire de l’Élysée s’est, du reste, félicité du nouveau « pacte asile et immigration », sur lequel les pays de l’UE se sont mis d’accord, ce mercredi 20 décembre. Le texte prévoit, entre autres, d’instaurer une nouvelle procédure accélérée aux frontières pour les personnes considérées comme peu susceptibles d’obtenir l’asile, afin d’éviter qu’ils séjournent longtemps sur le territoire de l’UE. Parmi les nationalités concernées, on trouve encore une fois l’Algérie et les pays du Maghreb. « Une procédure accélérée (trois mois maximum) est même créée pour les ressortissants de pays dont le taux de reconnaissance du statut de réfugiés est inférieur à 20 % (Algérie, Tunisie, Maroc, etc.) », lit-on sur Libération. D’autre part, la même règlementation européenne, endurcie, prévoit pour tous les demandeurs d’asile « un délai maximum de douze semaines et, en cas de rejet, ces personnes devraient être renvoyées vers leurs pays d’origine dans ce même délai. Ce dispositif s’appliquerait à toutes les personnes jugées dangereuses, ‘‘non coopératives’’ ou originaires de pays dont les demandes d’asile n’ont guère de chances d’aboutir ».