Le chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, a limogé, ce samedi 11 novembre, Aïmene Benabderrahmane de son poste de Premier ministre. Il a été remplacé par le diplomate Nadir Larbaoui, qui a aussitôt pris ses fonctions lors d’une cérémonie de passation de pouvoirs avec son prédécesseur. Le nouveau chef du gouvernement algérien a exprimé à l’agence de presse officielle, APS, son engagement pour « la mise en œuvre du programme ambitieux du président de la République ».
Le communiqué du palais d’El-Mouradia annonçant qu’il a été mis fin aux fonctions de Aïmene Benabderrahmane n’a pas précisé les raisons de ce limogeage. Mais la mise à l’écart du désormais ex-Premier ministre était dans l’air depuis au moins la fin de l’été. Des rumeurs faisaient état du mécontentement présidentiel quant à l’« application de ses décisions sur le terrain ». En effet, le président Tebboune avait critiqué ouvertement, et à plusieurs reprises, l’action de son gouvernement. Seuls quelques ministres avaient grâce à ses yeux. Le changement de la tête du gouvernement, voire de tout le staff ministériel n’était donc qu’une question de temps. Il avait même lancé, début octobre, un ultimatum d’un mois à l’encontre de quelques membres du gouvernement afin qu’ils appliquent ses instructions sur certains dossiers.
Cependant, contre toute attente, il n’a opéré récemment que de petits ajustements à l’équipe gouvernementale, maintenant Benabderrahmane dans son poste. Même lorsque ce dernier s’était éclipsé, au début de l’automne, durant de longues semaines, le changement attendu et prévu n’avait finalement pas eu lieu. Au contraire, l’homme a réapparu et réoccupé l’espace médiatique pendant plusieurs semaines avant de présenter, début octobre, la déclaration de politique générale du gouvernement devant les deux chambres du parlement algérien.
Un proche de Tebboune à la tête du gouvernement
Qu’est-ce qui a justifié ce changement ? Certaines sources évoquent des erreurs de communication de l’ancien Premier ministre qui a, par exemple, évoqué publiquement des sujets diplomatiques, ces derniers jours. « La diplomatie est un domaine réservé au chef de l’Etat et M. Tebboune est très jaloux de ses prérogatives », a indiqué un observateur. Toujours sous anonymat, un autre a estimé que Benabderrahmane a « commencé à avoir de l’ambition, notamment en nommant des proches à des postes sensibles dans certaines institutions ».
Pour rappel, âgé de 75 ans, le nouveau Premier ministre algérien, Nadir Larbaoui, est avocat de formation et diplomate de carrière. Il a été ambassadeur d’Algérie dans plusieurs pays, et plus récemment, entre septembre 2021 et avril 2023, représentant permanent de l’Algérie auprès de l’Organisation des Nations unies à New York. Depuis deux ans, il était directeur de cabinet de la présidence de la République. Autant dire qu’il s’agit d’un proche d’Abdelmadjid Tebboune. Il est remplacé à ce poste par Boualem Boualem, un autre homme de confiance du chef de l’Etat.