Algérie : Le plus vieux parti d’opposition lance une initiative pour « réhabiliter l’exercice politique »

FFS initiative
Le Front des forces socialistes (FFS) a rendu public aujourd'hui, samedi 2 septembre, son initiative politique intitulée « Pacte historique pour le parachèvement du projet national », lors d’une conférence de presse au siège national du parti à Alger.

Le Premier secrétaire national du plus vieux parti d’opposition en Algérie, Youcef Aouchiche, a dévoilé les contours et objectifs de cette initiative. Il est question, entre autres, de « consolider le front national » et de « réhabiliter l’exercice politique ».  Il a mis l’accent, à cet effet, sur « la situation de gel politique imposée par une série de dispositions juridiques contraires aux principes de l’Etat de droit. Elle favorise un climat de défiance et nourrit le défaitisme, la résignation et la démission ».

Par ce constat, le FFS lance son initiative politique, adoptée lors de son sixième congrès tenu les 8, 9 et 10 décembre 2022. Destiné à « toutes les forces politiques à la fois engagées dans la défense de l’Etat de droit, des libertés, de la justice sociale et intransigeantes quand il s’agit de s’opposer fermement aux velléités, internes ou externes, de porter atteinte, sous quelques prétextes que ce soit, à l’intégrité et l’unité du pays, à l’Etat et à ses institutions », le pacte proposé par cette formation de gauche a l’ambition de « réhabiliter le politique et la politique et libérer une dynamique qui renforcera l’Etat national en créant un climat apaisé et en réunissant les conditions nécessaires à l’engagement politique ».

Le FFS veut transcender les clivages idéologiques sans les nier

Le patron du FFS a précisé que, dans le contexte politique complexe en Algérie particulièrement après le Hirak de 2019, cette initiative « vise à transcender, sans les nier, les clivages idéologiques et s’inscrit au-delà des échéances électorales », faisant allusion à l’élection présidentielle de 2024. Le parti fondé, en 1963, par feu Hocine Aït Ahmed, l’un des neuf chefs historiques du FLN, dit vouloir être le porteur et le médiateur d’un projet qui se veut « consensuel et constructif ». Il considère qu’un « véritable consensus national ne peut se construire qu’avec l’adhésion des Algériennes et des Algériens en libérant les espaces politiques et médiatiques ».

Et si le FFS a décidé de mener ce travail épineux, c’est parce qu’il juge que le pays « est aujourd’hui plus que jamais confronté à des défis immenses provoqués par des mutations géopolitiques profondes ». Dans sa déclaration liminaire, Aouchiche n’a, d’ailleurs, pas omis d’exprimer les inquiétudes de son parti par rapport à ce qu’il qualifie de « stratégies de déstabilisation internes et externes qui visent à briser le lien entre le peuple algérien et les institutions de l’Etat ».

Au lieu de les brimer comme il le fait ces quelques dernières années, le FFS appelle le pouvoir algérien à libérer les activités des partis politiques qui ont un « rôle essentiel à jouer dans le renforcement de la stabilité du pays » en mobilisant et en sensibilisant la société aux grands enjeux stratégiques du moment. « Marginaliser les partis ou chercher à leur substituer une hypothétique société civile, c’est encourager le désengagement politique de nos concitoyens et rendre notre société perméable à toutes les formes de manipulation », a ajouté le premier responsable du FFS, pour qui, « la neutralisation de tous les canaux d’expression politique risque de creuser un fossé entre le peuple et ses dirigeants et renforcer les capacités de nuisance des extrémismes de tout bord ».

Le FFS envisage une plateforme de propositions de toute la classe politique algérienne

Pour avancer rapidement et concrétiser son projet, le FFS tend une main à toutes les formations politiques et organisations de la société civile, à condition qu’elles soient « respectueuses du cadre constitutionnel et des lois de la République ». Des discussions approfondies seront ainsi engagées avec elles dans le but de trouver un cadre politique commun qui peut garantir la mise en place de réformes politiques profondes  pour « consacrer l’Etat de droit, renforcer la légitimité des institutions élues, tant au niveau national que local, et favoriser une réelle démocratie » et des réformes économiques structurelles pour « accélérer la diversification de l’économie, acquérir et maîtriser les nouvelles technologies et gagner la bataille du développement, tout en préservant les bases de l’Etat social ».

Ces axes de discussions permettront, selon le conférencier, de dégager un document de propositions à la fin des consultations. Cette plateforme sera proposée aux parties prenantes pour adoption et adressée, par la suite, « collégialement » au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune.

Intervenant quelques semaines seulement après le projet du mouvement islamo-conservateur Binaa, dit « Initiative de rassemblement », Youcef Aouchiche a tenu à préciser que le pacte proposé par le FFS « n’est dirigé contre aucune partie » et « ne vise pas non plus à entrer concurrence avec d’autres initiatives ». Le parti d’opposition n’a pas répondu favorablement à ladite initiative car les initiateurs ont évité d’évoquer « l’état des libertés individuelles et collectives et des droits de l’homme d’une manière générale » et auraient permis « la participation de certaines parties qui ont un passif dans l’atteinte aux constantes nationales et le discours de la haine ».

Devant la presse, Aouchiche a refusé d’avancer un quelconque calendrier quant à l’aboutissement de la nouvelle initiative du FFS estimant que « cela dépendra des consultations ».

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