Algérie : 2 ans de prison ferme pour le chercheur Raouf Farrah et le journaliste Mustapha Bendjama

Le chercheur algéro-canadien, Raouf Farrah et le journaliste Mustapha Bendjama ont été condamnés, hier, mardi 29 août 2023, par le tribunal de Constantine (est de l’Algérie), à deux ans de prison ferme.

En plus de 24 mois de prison ferme, Farrah et Bendjama sont condamnés à 200 000 dinars d’amende (environ 1350 €) pour les chefs d’accusation de « financement étranger à des fins de propagande » et « divulgation de dossiers classifiés »

Trois autres personnes ont été impliquées dans cette affaire, liée à la fuite en France, début février dernier, de l’activiste Amira Bouraoui. Il s’agit de Sebti Farrah, père de Raouf, condamné à une année de prison avec sursis et à une amende de 50 000 dinars pour « complicité de financement étranger à des fins de propagande », Mountaha Habes, une ex-directrice des ressources humaines de la société Asfertrade, filiale de Asmidal, basée à Annaba, condamnée à 18 mois de prison ferme pour « divulgation de dossiers classifiés » et Sofiane Berkane, ancien fonctionnaire à la wilaya de Annaba, relaxé. 

Lors du procès qui s’était tenu le 22 août dernier, le parquet avait requis 3 ans de prison ferme et une amende de 100 000 dinars à l’encontre de Mustapha Bendjama, Raouf Farrah, Mountaha Habes, Sebti Farrah, et 18 mois de prison ferme contre Sofiane Berkane. Par ailleurs, 15 ans de prison ont été requis contre Hicham Aboud, Amir Boukhers dit Amir Dz et Abdou Semmar. Ces trois derniers ont écopé de cette peine. 

Mustapha Bendjama avait été arrêté, tout comme toutes les personnes impliquées dans ce dossier (hormis Berkane), le 19 février 2023 dans le sillage de l’« affaire Amira Bouraoui ». Après avoir « expertisé » son téléphone, les services de sécurité ont lancé ce deuxième dossier relatif au « financement étranger à des fins de propagande » et dans lequel ont été cités, le chercheur Raouf Farrah, son père, la responsable d’Asfertrade et le fonctionnaire de la wilaya. Sebti Farrah a été libéré près de deux mois plus tard et placé sous contrôle judiciaire. Sofiane Berkane a bénéficié de cette mesure dès le départ. 

L’ombre de l’« affaire Amira Bouraoui » !

Le dossier comporte deux chapitres, à savoir le transfert d’un dossier de presse par Bendjama à Abdou Semmar, qui concerne ladite société, et un transfert d’une somme d’argent en devise, d’une ONG vers le compte de Raouf Farrah, qui représente la rémunération de Bendjama pour un travail effectué. Le journaliste a affirmé au tribunal, selon les comptes rendus des journalistes qui ont assisté au procès, que s’il avait demandé à l’ONG de verser sa rémunération sur le compte de Raouf Farrah, ce dernier résidant en Tunisie, c’est pour pouvoir récupérer son dû en devise et éviter de les recevoir via une banque en Algérie en dinars avec le taux de change officiel.

Pour ce qui est des supposés « documents classifiés », celui-ci a indiqué qu’il s’agit d’un dossier de presse transmis par Asfertrade à tous les médias établis à Annaba, relatif à un différend entre la société et un sous-traitant privé, et qu’il l’avait envoyé à Abdou Semmar, sur demande de ce dernier, après la tenue du procès opposant les deux parties. 

À noter, par ailleurs, que la chambre d’accusation près de la cour de Constantine a confirmé, hier aussi, le non-lieu partiel, dans le premier dossier de Mustapha Bendjama, celui lié directement à la fuite de Amira Bouraoui, en le requalifiant de « criminel » à « délictuel ». La décision avait été prise le 3 août dernier, mais le parquet avait fait appel. Sont cités dans ce dossier, en plus de Mustapha Bendjama, le cousin de Amira Bouraoui, Yacine Bentayeb (en détention provisoire), sa mère, Khadidja Bouraoui (en liberté provisoire), un chauffeur de taxi et un brigadier de la police des frontières (tous les deux en détention provisoire). La date du procès relatif à ce dossier n’a pas encore été fixée.

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