Ouverture du Sommet des BRICS : L’Algérie a-t-elle vraiment les moyens de devenir membre ?

BRICS 2023 Afrique du Sud
Le sommet des BRICS s’est ouvert hier, le 22 août, à Johannesburg (Afrique du Sud), et se poursuit jusqu’à demain. 23 pays, dont l’Algérie, se bousculent au portillon de cette puissante organisation qui regroupe 5 pays (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), représentant 40% de la population du globe et pesant 31,5% du PIB mondial.

L’Algérie, qui par ses actions diplomatiques, a œuvré depuis le début de l’année pour intégrer les BRICS va-t-elle réussir son pari ou devrait-elle patienter encore quelques années avant de pouvoir siéger dans ce prestigieux club économique ?

Premier indice, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, alors qu’il y était attendu, ne s’est finalement pas rendu lui-même à Johannesburg. Il a été représenté par son ministre des Finances, Laaziz Faid.

L’agence de presse officielle APS, citant des déclarations du ministère, a écrit que « la participation de l’Algérie à ce forum traduit tout l’intérêt accordé par les autorités du pays à contribuer à la réflexion autour des questions liées à la reprise face aux crises multidimensionnelles, au renforcement d’un multilatéralisme juste et à la réforme de la gouvernance mondiale ». Aucune mention n’a été faite des chances du dossier d’intégration aux BRICS déposée par l’Algérie.

Réformer en urgence le secteur bancaire algérien  

Il faut convenir, comme l’ont mentionné plusieurs spécialistes, que l’économie algérienne n’est pas suffisamment prête pour apporter une plus-value aux BRICS. De nombreux problèmes structurels doivent trouver leur solution avant d’espérer voir la porte de ce groupe entrouverte. Parmi eux, ceux du secteur bancaire. Considéré comme l’un des plus fermés et opaques au monde, l’Algérie se doit de le réformer pour le rendre plus attractif, mieux adapté à l’économie mondialisée et plus moderne.

Il conviendra aussi de régler le problème de change des devises qui se fait au marché noir et qui pèse énormément sur l’économie de ce pays. Plusieurs millions d’euros et de dollars s’échangent de main à main, dans la rue et une nébulosité totale, en dehors du circuit bancaire officiel qui est très fragilisé par cette pratique. L’idée de créer des agences de change de devises agréées par la banque centrale algérienne a fait long feu. Pourtant, ces agences existent dans tous les autres pays qui font la course à l’entrée aux BRICS, comme l’Égypte, l’Éthiopie ou les Émirats arabes unis.

Diversifier la production et aller au-delà des hydrocarbures

L’autre difficulté qui désavantage énormément l’Algérie par rapport aux autres candidats, c’est la faiblesse de sa production locale. En dehors des hydrocarbures (environ 95 % des entrées en devises), elle n’exporte pratiquement rien d’important.

Selon les déclarations du président Tebboune, lors de sa dernière rencontre avec la presse, les exportations hors hydrocarbures n’ont permis d’engranger que 22 milliards de dollars. Certes, il y a une amélioration par rapport aux années précédentes, mais elles demeurent encore très faibles pour prétendre à une entrée dans le bloc des BRICS. À titre de comparaison, les exportations chinoises ont représenté 2 500 milliards de dollars en 2019, selon le journal économique Les Échos.

L’économie algérienne peine également à attirer les investissements étrangers en dehors des grandes entreprises d’hydrocarbures. L’instabilité de l’arsenal juridique commercial et les changements fréquents de la loi sur l’investissement ont fini par dissuader de nombreux hommes d’affaires et entreprises étrangères de s’implanter dans le pays.

Rejoindre la banque des BRICS, une petite satisfaction

Pourtant, les opportunités ne manquent pas : un réseau routier parmi les plus développés d’Afrique, une proximité géographique de l’Europe et des richesses incommensurables (énergie solaire, métaux rares, minerais, littoral de plus de 1200 km, etc.). Selon un économiste algérien, qui a refusé de décliner son identité, « la non-entrée de l’Algérie dans le BRICS peut être vue comme un mal pour un bien. Cela permettra à ce grand pays d’Afrique en termes de superficie d’amorcer de véritables réformes dans tous les domaines ».

Le PIB de l’Algérie ne plaide pas non plus en faveur de son entrée dans le BRICS. Si les Émirats arabes unis affichent un PIB par habitant de 43 000 dollars et l’Argentine de 11 000 dollars, deux pays qui frappent aussi aux portes des BRICS, l’Algérie se classe loin derrière avec 3 700 dollars par habitant.

De même pour les réserves de change, avec 64 milliards de dollars, l’Algérie se place loin derrière certains pays candidats ; par exemple, 457 milliards pour l’Arabie saoudite et 140 milliards pour l’Indonésie.

Même si tout n’est pas encore perdu, il y a quand même de très forte chance que l’Algérie devrait se contenter, pour le moment, d’intégrer la banque des BRICS en apportant une subvention d’un milliard et demi de dollars. Mais vu son rôle pivot en Afrique et les réformes qui sont en train d’être menées, il n’y a aucun doute que l’Algérie rejoindra plus tard ce groupe dont le poids géopolitique devient de plus en plus important.

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