Le calendrier de la visite à Marseille de l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, les 15 et 16 décembre, pour rencontrer la communauté algérienne établie dans cette ville a coïncidé avec la commémoration du cinquantenaire des crimes racistes et anti-algériens qui ont eu lieu dans la cité phocéenne.
En effet, la veille du déplacement du diplomate algérien, le 14 décembre, un rassemblement a été organisé à l’appel du collectif « Mémoires en marche » pour commémorer l’attentat meurtrier commis contre le consulat général d’Algérie, rue Paradis, en décembre 1973, dont le bilan final fait état de 4 morts et 28 blessés. Cette attaque à la bombe a été le point culminant des crimes racistes dont plusieurs villes françaises, surtout Marseille, avaient été le théâtre à partir d’août 1973.
Ces « ratonnades », pour reprendre le terme raciste employé pendant la Guerre d’Algérie, intervenaient onze ans après la fin de ce conflit. Elles ont causé au total 16 morts. « Malgré quelques arrestations, les auteurs n’ont jamais été identifiés et les poursuites judiciaires ont été abandonnées », regrette le collectif. On sait cependant qu’il s’agissait d’activistes de la mouvance revancharde d’extrême-droite, les mêmes qui se multiplient ces derniers mois, à Lyon notamment, ou récemment à Crépol après la mort du jeune Thomas dans un bal.
Une date de visite symbolique !
C’est donc avec le triste souvenir du 14 décembre 1973, que l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, a entamé sa visite de travail à Marseille le vendredi, 15 décembre, par une rencontre avec le consul général, Imed Selatnia, et son équipe du Consulat général d’Algérie à Marseille, autour des conditions de la prise en charge des membres de la communauté dans cette représentation consulaire.
Il a ensuite enchainé les réunions avec les représentants d’Air Algérie et d’Algérie Ferries, le président de la Chambre de Commerce et d’industrie (CCI) Aix Marseille et le préfet de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur (PACA). Profitant de sa présence à la mosquée En-Nasr au moment de la prière du vendredi, il a également échangé au sujet de « l’exercice du culte musulman en France et la diffusion des valeurs de tolérance et de vivre ensemble de notre religion », avec Ali Dahmani, président de la fédération régionale PACA de la Grande Mosquée de Paris.
« La plus grande ville algérienne en France »
L’ambassadeur a commencé son deuxième jour de visite à Marseille par un déplacement pour aller à la rencontre du maire de la ville, Benoît Payan, avec qui il a évoqué les « liens historiques forts entre Marseille et l’Algérie ». L’édile marseillais n’a pas manqué, de son côté, de rappeler que « la France doit regarder, aujourd’hui, son passé de manière très claire et, aussi, son avenir qui passe par une coopération et des liens forts avec l’Algérie ». Il n’a pas hésité à rendre hommage aux Algériens de Marseille, « qui ont participé à la reconstruction de la ville après la Seconde Guerre mondiale ». Il s’est même amusé à qualifier Marseille de « la plus grande ville algérienne en France ». Les deux hommes ont déclaré partager « la vision de ce que doit être la relation entre l’Algérie et la France de manière plus large ».
Pour conclure son séjour à Marseille, l’ambassadeur d’Algérie a eu une rencontre avec les membres de la communauté algérienne établie dans la cité phocéenne. Il a notamment assuré à cette occasion que les ressortissants algériens en France et les binationaux « forment un atout majeur pour le renforcement de la coopération bilatérale ».