L’assaillant présumé a été arrêté par la police. Il s’agit d’un Français d’origine iranienne qui a déjà purgé une peine de 4 ans de prison ferme (2016-2020) et une autre année en sursis pour « planification d’actes terroristes violents avec arme blanche ». Il souffrirait aussi de « troubles psychiatriques importants », selon les premiers éléments de l’enquête.
Une attaque au couteau et au marteau a fait un mort et deux blessés, samedi soir, près de la Tour Eiffel, entre le 15e et le 16e arrondissement de Paris. L’homme tué est un touriste de 23 ans de nationaliste allemande et philippine, selon la police. Son épouse a été également attaquée par l’assaillant, mais elle a eu la vie sauve grâce « à un chauffeur de taxi qui a vu la scène » et qui l’a aidée à s’enfuir. Des policiers qui ont accouru vers le lieu du drame ont procédé rapidement à l’arrestation du suspect présumé.
Il s’agit de Armand Rajabpour Miyandoab, un français d’origine iranienne, radicalisé et fiché S. Né à Neuilly Sur-Seine, dans l’ouest de la capitale française, en 1997. Avant son passage à l’acte, il vivait avec ses parents dans l’Essonne, au sud de la région parisienne. Placé en garde à vue, trois de ses proches ont été également entendus par les enquêteurs, dont ses deux parents. Les trois personnes n’avaient rien à se reprocher, selon la police.
Des motivations politiques évoquées
Le suspect n’est pas un inconnu pour la justice puisqu’il a été déjà condamné, en 2016, à 5 ans de prison, dont un avec sursis, pour « planification d’actes terroristes violents avec arme blanche ». Il a été libéré après avoir passé 4 ans en prison. Lors de son interpellation, il aurait avoué aux policiers « qu’il ne pouvait plus supporter que les musulmans meurent, tant en Afghanistan qu’en Palestine », selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Le jeune franco-iranien a évoqué « ce qui se passe à Gaza », affirmant toujours d’après le ministre, que « la France serait complice de ce que faisait Israël ». Ce dimanche matin, le parquet antiterroriste s’est saisi de l’affaire. Il a ouvert une enquête pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et pour association de malfaiteurs terroriste et criminelle ».
Sur le profil du forcené, des sources sécuritaires ont indiqué au quotidien Le Figaro que « le tueur présumé avait des liens avec la mouvante islamiste radicale et souffrait de troubles psychiatriques importants ». Dans une vidéo postée sur le réseau X, samedi, il est apparu avec des lunettes noires et un masque chirurgical sur le visage. Il a adressé « un message aux mécréants » dans lequel il déclara : « Nous n’oublions pas vos crimes contre les musulmans, spécialement les femmes et enfants et nous allons vous combattre et vous tuer jusqu’au jour du jugement dernier ». Dans un arabe académique, il a « imploré Dieu » de « protéger et d’aider jusqu’à la victoire, tous ceux qui se battent au nom de l’islam en Afrique, au Sinaï, en Irak, au Levant, au Yémen, au Pakistan et à l’est de l’Asie ». À ce stade, les enquêteurs n’ont pas encore authentifié la vidéo, mais à en croire certaines informations proches de l’enquête, c’était « une revendication de l’attentat où il voulait mourir ».
Condamnations des gouvernements français et allemand
Depuis Doha au Qatar, le président français, Emmanuel Macron, a réagi à cet attentat. « J’adresse toutes mes condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé ce soir lors de l’attaque terroriste survenue à Paris et pense avec émotion aux personnes actuellement blessées et prises en charge », a-t-il écrit samedi soir sur son compte X. Pour sa part, la Première ministre, Elisabeth Borne, a condamné l’attaque, indiquant que la France « ne cédera rien face au terrorisme ». « Mes pensées vont à la victime, aux blessés et à leurs proches. Je salue le courage et le professionnalisme de nos forces de l’ordre et nos services de secours mobilisés », a-t-elle tweeté. La cheffe du gouvernement a présidé, ce dimanche après-midi, une réunion sécuritaire à Matignon, à la demande du président Macron, en présence des ministres de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de la Justice, Éric Dupond-Moretti, et de la Santé, Aurélien Rousseau.
Quant au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, il a adressé ses condoléances aux peuples philippin et allemand. « Ayant pris connaissance de la double nationalité de la victime, la France adresse ses condoléances à sa famille et ses proches, au peuple philippin et au peuple allemand », pouvait-on lire sur le compte X du ministère. De son côté, l’Allemagne a réagi à la mort d’un de ses ressortissants par la voix de son ministère de l’Intérieur, qui a qualifié l’attentat de « crime abominable ». « Nos pensées vont à la famille et aux amis de la personne tuée ainsi qu’aux autres blessés de cet acte horrible », a déclaré la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser. Elle a ajouté que « L’Allemagne lutte côte à côte avec la France contre le terrorisme islamiste. Nos services de sécurité travaillent en étroite collaboration ».
Le CFCM appelle les musulmans de France à la vigilance
Le Conseil français du Culte musulman (CFCM) a recommandé aux « musulmans d’être plus vigilants ». Il redoute que l’attaque de samedi soir ne soit « instrumentalisée par des officines de l’extrême droite en vue d’exacerber les tensions et stigmatiser toute une communauté ». Il a conclu : « L’auteur présumé du drame aurait crié ‘Allah Akbar’ après l’agression. Si ce cri se confirme, l’auteur présumé de l’attaque a associé à la barbarie et à la lâcheté de son crime abject contre des innocents, la profanation de l’un des symboles musulmans sacrés de l’humilité devant Dieu et devant les hommes que représente l’expression ‘Allah Akbar’ ».
La classe politique française a, elle aussi, réagi à l’attentat de la tour Eiffel. Ainsi, la patronne des écologistes, Marine Tondelier, a posé la question « des priorités des services de renseignements ». Elle a regretté la « dispersion des forces » en raison du « dévoiement par le gouvernement du mot terroriste ». « Quand on voit le nombre de fichés S pour une action écolo devant une banque ou sur un tarmac d’aéroport, j’ai l’impression qu’il y a une vraie dispersion des forces des services de renseignements », a-t-elle martelé. Elle a aussi posé la question des « moyens de suivi psychiatrique », puisque plusieurs sources indiquent que le terroriste présumé souffre de troubles mentaux. D’ailleurs, pour le coordinateur de la France Insoumise, Manuel Bompard, il ne faut pas donner de « signification générale » à l’attaque car il s’agirait plutôt d’un acte d’une personne « qui est manifestement déséquilibrée ». Ce n’est évidemment pas ce que pensent Marine Le Pen, patronne du Rassemblement National, et Eric Zemmour, président de Reconquête. Les deux leaders d’extrême-droite ont souligné, respectivement, sur X que le suspect est « un terroriste fiché S et déjà condamné pour des faits en lien avec l’islamisme », qui a apporté « encore la mort sur notre sol. Encore ce cri ‘Allah Akbar’. Encore un fiché S. Encore des familles brisées ».