Les faits remontent au 19 juillet 2019, une soirée qui aurait dû être une célébration de la diversité et du sport avec la victoire de l’équipe d’Algérie. Or, un groupe d’activistes appartenant à la mouvance d’ultra-droite avait décidé de semer la terreur au centre historique de Lyon, connaissant la forte présence de la communauté algérienne dans ses quartiers. Munis de battes de baseball et de barres de fer, ils ont pris pour cible des familles présentes dans leurs véhicules pour défiler. Les agressions physiques et les injures racistes les ont plongées dans un véritable cauchemar.
Huit victimes avaient, alors, porté plainte contre sept individus identifiés. Elles se sont constituées parties civiles et ont été soutenues par quelques associations : Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) ; Maison des Potes et de l’Égalité de Lyon ; etc. Lors du procès, qui s’est tenu les 15 et 16 juin derniers, les accusés ont dû répondre de leurs actes devant le tribunal correctionnel de Lyon. Les avocats de la défense ont admis « la justesse de l’analyse du tribunal », reconnaissant la « responsabilité » de leurs clients. Seul l’un des prévenus était présent lors de la lecture du verdict.
Houliganisme d’ultra-droite
Les peines prononcées reflètent la gravité des actes commis. Deux des accusés, récidivistes, ont été condamnés à 4 ans de prison, dont 2 ans avec sursis probatoire. Les autres prévenus ont écopé de peines allant de 6 mois à 2 ans de prison ferme, avec des mesures complémentaires telles que l’interdiction de séjour dans certains quartiers de Lyon, pendant 3 ans, et une peine d’inéligibilité de 5 ans pour cinq condamnés. De plus, tous sont tenus d’indemniser les parties civiles. Les prévenus non-récidivistes pourraient, néanmoins, bénéficier d’un aménagement de peine avec le port d’un bracelet électronique, évitant ainsi l’incarcération. Ils ont dix jours pour faire appel de leur condamnation.
La décision de justice a été accueillie avec satisfaction et soulagement par les victimes, exprimant leur gratitude envers les enquêteurs et les associations qui les ont soutenues, tout au long de cette épreuve. Dans une déclaration pour France 3, Me Bertrand Sayn, l’un des avocats des parties civiles, s’est réjoui de voir prononcées par le tribunal des « sanctions appropriées à la violence des attaques racistes ». Il souligna également l’importance de constater que « tous les accusés ont été reconnus coupables », ce qui constitue « un point de satisfaction majeur ». Malgré la tentative de certains d’entre eux de nier leur implication lors des audiences, les preuves et les témoignages ont été accablants. De leurs côtés, les avocats de la défense ont mis en avant le temps écoulé depuis les faits et ont plaidé la relaxe. Cependant, le tribunal a considéré que cela ne suffisait pas à attester d’un changement réel dans l’idéologie et le comportement racistes des mis en cause.
Message fort de la justice pour les groupuscules racistes
Les victimes, toujours très marquées quatre ans après les événements, ont témoigné de l’horreur vécue ce soir-là. Les agresseurs, motivés par la haine et la xénophobie, ont laissé des séquelles psychologiques profondes dans la vie de ces personnes sans histoires. La fête sportive, qui devait être familiale et bon enfant, a viré au cauchemar. Après le verdict, elles se sont senties « soutenues » et elles ont déclaré être « réconfortées ». À travers ces condamnations, la justice française a envoyé un message fort : les actes de violence à caractère raciste ne sont pas tolérés.
Cette décision marque une étape importante, à Lyon et ailleurs en France – où pullulent de plus en plus des groupes décomplexés d’ultra-droite et/ou néonazis comme on l’a vu lors des matchs des nations africaines lors de la Coupe du monde 2022 ou, plus récemment, durant les manifestations et émeutes qui ont suivi la mort de Nahel -, dans la reconnaissance des droits des victimes, françaises et étrangères, des violences racistes et de l’extrémisme de droite, quels que soient les contextes des faits.