Cette infographie résume les événements importants qui ont marqué la colonisation française en Algérie, à commencer par Le Coup d’éventail jusqu’à la Proclamation de l’indépendance. Le fait colonial a profondément altéré la société algérienne et les épisodes clés, présentés ici, ont façonné eux-mêmes le contexte historique conduisant à l’indépendance de l’Algérie. Malgré d’importants changements opérés par les forces coloniales, civiles et militaires, sur les plans politique, social et culturel, et imposés à l’ensemble des populations autochtones pour asseoir durablement le mythe de l’« Algérie Française », la marche normale de l’Histoire n’a pas été empêchée. Ladite machine de domination, construite autour de l’action militaire, de la réforme administrative, l’exploitation économique et la visée missionnaire, n’a fait que susciter des mouvements successifs de résistance qui ont abouti à la lutte armée déclenchée par le FLN (Front de libération nationale), le 1er novembre 1954. La présente chronologie illustre donc les conflits et les bouleversements qui ont caractérisé la relation entre la France coloniale et l’Algérie, pendant plus de 132 ans, jetant les bases de la nation algérienne moderne qui a recouvré sa souveraineté, le 5 juillet 1962.
Chronologie de la colonisation française en Algérie
30 avril 1827
Le Coup d’éventail
Le dey Hussein gifle le consul de France à Alger, Pierre Deval, qui s’est opposé d’une façon insolente à sa demande de remboursement d’un emprunt.
14 juin 1830
L’armée française débarque à Alger
Le roi de France, Charles X, qui souffrait d’une fronde interne ordonne au compte Louis de Bourmont de conduire une expédition punitive contre la Régence d’Alger.
30 mai 1837
Traité de la Tafna
Signé avec le général Bugeaud, ce document établissait la reconnaissance de l’autonomie de l’Etat fondé par l’émir Abdelkader dans l’ouest, sous la souveraineté nominale de la France.
10 octobre 1837
Siège de Constantine
Pour mettre un terme à la résistance dans l’est, conduite depuis Constantine par Ahmed Bey, la ville fortifiée est assiégée par l’armée coloniale. Elle est conquise trois jours plus tard.
23 décembre 1847
Reddition de l’émir Abdelkader
Acculé par la perte de Mascara en 1841, de Tlemcen en 1842, de sa smala en 1843, et lâché par son allié le roi du Maroc en 1844, l’émir Abdelkader est contraint de capituler.
16 juillet 1849
Siège de Zaatcha
Pour mettre un terme à la résistance conduite par Cheikh Bouziane, le village de Zaatcha (Biskra) a été assiégé et défait dans le sang, le 26 novembre, avec au bout un vrai massacre.
11 juillet 1857
Arrestation de Lalla Fatma N’Soumer
La cheffe de la résistance en Grande Kabylie, aux côtés notamment de Chérif Boubeghla à partir de 1851, a été défaite, capturée et emprisonnée par le général Joseph Vantini.
24 octobre 1870
Signature du décret Crémieux
Du nom du ministre de la Justice, Adolphe Crémieux, ce décret a attribué d’office la citoyenneté française à environ 35 000 Juifs algériens.
15 mars 1871
Insurrection de 1871
Cette révolte, conduite par Cheikh El Mokrani et son frère Boumezrag, ainsi que Cheikh El Haddad, a été la dernière grande résistance au nord de l’Algérie. Elle prend fin début 1872.
26 juillet 1873
Loi Warnier ou Loi des colons
La loi, du nom du député qui l’a portée, a supprimé la propriété collective des terres. Elle encouragea la colonisation libre et la spoliation « légale ».
28 juin 1881
Code de l’Indigénat
Après l’arrêté préfectoral du 9 février 1875, à Alger, cette loi imposa à tous les indigènes d’Algérie une liste d’infractions et de sanctions discriminatoires et souvent extrajudiciaires.
24 décembre 1902
Création des Territoires du Sud
La conquête du Sahara s’achève avec la prise du Hoggar-Tassili, au début des années 1900. La loi du 24 décembre 1902 créa les « Territoires du Sud » pour administrer le Grand Sud.
20 juin 1926
Naissance de l’Étoile nord-africaine (ENA)
Créée en France, comme association des musulmans nord-africains, l’ENA se transforma en organisation politique, nationaliste et révolutionnaire, à partir de son congrès de 1933.
11 mars 1937
Fondation du Parti du peuple algérien (PPA)
Messali Hadj, président de l’ENA interdite, fonda le PPA. Le parti défend aussitôt l’indépendance. En 1939, il est dissous et passe dans la clandestinité. Il retrouve la légalité en octobre 1946, sous le sigle MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques).
08 mai 1945
Massacres de Sétif, Guelma et Kherrata
Des manifestations indépendantistes, qui ont eu lieu le même jour que la capitulation de l’Allemagne nazie marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont été violemment réprimées par l’armée française. Le nombre des victimes est estimé à 45 000 personnes.
18 février 1947
Création de l’Organisation spéciale (OS)
Lors du Congrès national du PPA-MTLD, les 15 et 16 février 1947, l’aile légaliste impose l’option de la participation aux élections. En concession, elle accorde à l’aile radicale la création d’une organisation paramilitaire clandestine pour préparer la lutte armée.
04 et 12 avril 1948
Élections à la Naegelen
Marcel-Edmond Naegelen, gouverneur général de l’Algérie entre 1948 et 1951, a organisé une fraude massive lors des élections du second collège de l’Assemblée algérienne. Cette triche se répéta en 1951 et 1954. Cela a sonné le glas de l’illusion électoraliste.
1er novembre 1954
Déclenchement de de la Guerre de libération nationale
Une série d’attentats vise les intérêts français en Algérie, le même jour, surnommé la « Toussaint rouge ». Les attaques sont revendiquées par une nouvelle organisation, le Front de libération nationale (FLN), à travers la « Déclaration du 1er novembre 1954 ».
20 août 1955
Attaques du Nord-Constantinois
L’ALN (Armée de libération nationale), bras armé du FLN, mène une grande offensive pour desserrer l’étau sur la Révolution algérienne dans la région Aurès-Nememcha, assiégée par l’armée coloniale. Celle-ci se venge par le massacre de milliers de civils.
19 mai 1956
Grève des étudiants
À l’appel du FLN, les étudiants algériens, en Algérie et à l’étranger, ont organisé une grève illimitée et rejoint la lutte armée pour l’indépendance.
20 août 1956
Congrès de la Soummam
Ce congrès clandestin du FLN a structuré la lutte armée et jeté les fondements du futur Etat algérien. Il a divisé le pays en six régions militaires (wilayas) et créé une sorte de capitale, en l’occurrence la Zone autonome d’Alger. Il a doté aussi la révolution de nouveaux organes dirigeants : le Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) et le Comité de coordination et d’exécution (CCE).
28 janvier-04 février 1957
Grève des 8 jours
Le CCE organise une grève générale, largement suivie sur l’ensemble du territoire algérien, pour montrer le soutien populaire à l’action révolutionnaire. Cet événement d’envergure a contribué à ce que l’ONU inscrive la question algérienne à l’ordre du jour de sa 11e Assemblée générale.
07 janvier – 9 octobre 1957
Bataille d’Alger
Dans une tentative désespérée de mettre un terme aux actions armées du FLN-ALN à Alger, le pouvoir civil colonial a délégué tous les pouvoirs au général Jacques Massu, commandant de la 10e division parachutiste. Celle-ci fera recours massivement à la torture.
13 avril 1958
Création de l’équipe de football du FLN
Composé essentiellement de joueurs professionnels algériens évoluant dans le championnat français, dont certains étaient qualifiés en Coupe du monde avec l’équipe de France, le « onze de l’indépendance » devient l’ambassadeur sportif de la révolution algérienne.
13 mai 1958
Putsch d’Alger
Des généraux en poste à Alger, défenseurs acharnés de l’« Algérie française », organisent un coup d’Etat. Le général Charles de Gaulle est rappelé au pouvoir, le 1er juin 1958.
19 septembre 1958
Proclamation du GPRA
La création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) a été annoncée officiellement par son premier président, Ferhat Abbas, depuis le Caire.
24 janvier – 1er février 1960
Semaine des barricades
Des partisans extrémistes de l’Algérie française organisent un mouvement insurrectionnel dans les rues d’Alger, qui fait plusieurs morts.
13 février 1960
Début des essais nucléaires au Sahara
La France devient officiellement une puissance nucléaire avec le succès de la première détonation, baptisée Gerboise bleue. Les essais se poursuivront jusqu’à 1966. Cela s’est fait au prix d’un vrai scandale sanitaire, dont les conséquences sont toujours perceptibles.
11 décembre 1960
Manifestations contre la « troisième voie »
En visite à Alger pour proposer une solution de « troisième voie » à la crise algérienne, le général de Gaulle a été confronté à d’importantes manifestations, organisées par le FLN, qui ne revendiquaient rien que l’autodétermination et l’indépendance. Le 20 décembre, la 15ème session de l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution dans ce sens.
8 janvier 1961
Référendum sur l’autodétermination de l’Algérie
Décidé par le général de Gaulle, ce scrutin a ouvert la voie à l’indépendance de l’Algérie. 75% des électeurs français ont approuvé le projet d’autodétermination du peuple algérien.
11 février 1961
Création de l’Organisation de l’armée secrète (OAS)
L’OAS est un groupe terroriste d’extrême-droite. Ses différentes branches commettront plusieurs attentats et exactions pour défendre, en vain, la présence française en Algérie.
17 octobre 1961
La Bataille de Paris
Sous les ordres du Préfet de police de Paris, Maurice Papon, des centaines de manifestants algériens favorables à l’indépendance ont été tués. Certains sont morts noyés dans la Seine.
8 février 1962
Massacre du métro Charonne
Pour dénoncer les attentats de l’OAS et soutenir la paix en Algérie, des syndicats et des partis de gauche ont organisée une manifestation pacifique au niveau de la place de la Bastille. Or, une charge de la police au niveau du métro Charonne cause la mort d’une dizaine de victimes.
18 mars 1962
Signature des Accords d’Évian
Les négociations entre le GPRA et le gouvernement français s’achèvent par la signature d’un traité de paix et la proclamation d’un cessez-le-feu, qui entra en vigueur le lendemain, le 19 mars. Le référendum du 8 avril 1962, en France, et celui du 1er juillet 1962, en Algérie, approuvent les accords, respectivement à 91% et à 99% des votes.
28 mars 1962
Installation de l’Exécutif provisoire
Appelé aussi « Gouvernement de Rocher Noir », il s’agit d’une structure chargée de gérer les affaires courantes. Présidé par Abderrahmane Farès, cet exécutif de transition transmettra ses pouvoirs à l’Assemblée nationale constituante, le 25 septembre, et au 1er gouvernement Ahmed Ben Bella, le 27 septembre.
03 juillet 1962
Levée du drapeau algérien à Sidi Fredj
Les couleurs nationales ont été levées sur les lieux de débarquement de l’armée coloniale. Durant la cérémonie symbolique, c’est le colonel Mohand Oulhadj, chef de la wilaya III historique, qui aura l’honneur d’avoir hissé le drapeau algérien officiellement au premier jour de l’indépendance effective.
05 juillet 1962
Proclamation de l’indépendance de l’Algérie
Le GPRA proclame officiellement l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet, journée qui sera célébrée comme fête nationale. Ainsi, le peuple algérien a tourné définitivement la page de 132 ans de colonisation et pris sa revanche par rapport au 5 juillet 1830, date de la prise d’Alger par l’armée française.